Elle le laisse s’installer sur ses jambes avec grand plaisir– sans oublier de se replacer comme il faut pour qu’ils soient tous les deux le plus confortable possible, ça va de soi. Ses mains se posent et se baladent dans ses cheveux, sur ses joues, naturellement, comme un bateau qui retourne à bon port après un long voyage en mer. Elle qui a l’habitude de manipuler du métal lourd et froid à longueur de journée, elle sera toujours épatée d’à quel point il est doux en comparaison, c’est à s’y perdre.
Si elle l’écoute tout d’abord parler d’un air serein, c’est bien vrai qu’ils vont répondre même s’ils prennent leur temps un peu trop à son goût, elle secoue vivement la tête à sa question, sans la moindre once d’hésitation.
« L’idée ne m’a jamais traversé l’esprit, même. J’peux pas inventer c’que je ne sais pas. Pour faire un robot cuisinier, il faudrait que je sache cuisiner pour le programmer, c’est mathématique, pas magique. »
Mais ce n’est évidemment pas l’unique raison, ah ça non. Il aime tellement cuisiner, et elle adore sa cuisine, pourquoi lui enlever ça ? Si la question d’Archie est innocente, madame ne perd pas de temps avec les peut-être et les “oh bah oui bonne idée!!”, non, madame se doit de partir dans un long discours passionné.
« Mais tu sais, même si je savais, bah j’en vois pas l’intérêt, bébé. T’es le meilleur que j’connais en cuisine, et crois-moi, y’a pas un seul robot qui pourrait imiter tout l’amour que tu mets dans c’que tu fais, ni même toute ta créativité; Il ne t’atteindrait même pas les chevilles. Un code, ça suit les ordres sans réfléchir, ça briserait pas les limites de c’qu’il sait. Ce serait peut-être bon, mais ce serait une recette suivie à la lettre, encore et encore. Un plat froid et distant, sans amour, sans passion, sans créativité, sans cette touche de toi-même que tu mets dans chaque assiette… j’ai pas besoin d’un robot cuisinier quand j’ai déjà le meilleur sur mes cuisses. »
Elle prend une grande inspiration. Les discours passionnés, ça prend du souffle. Pfiouh. Alors qu’il continue de parler, à lui demander sur son boulot et à parler des voisins, quelque chose tique son attention. Comment ça, les voisins ne l’aiment pas ? Ils peuvent se permettre de parler en étant loin de 40km ces cons ? Son pauvre bébé. Elle se penche pour avec sa technique secrète ninja des baisers préférée, celle du picassaut: Rapides et nombreux, partout sur son visage.
« Qu’ils essaient de toucher à un seul de tes cheveux, pour voir. Ça ou tes voisins, là, ces gros nuls. Comment ça, ils t’aiment pas ? Ils t’embêtent ? Tu m’le dis s’ils t’embêtent, ils vont m’voir arriver bien assez vite. »
Cadenza n’est pas une personne violente, loin de là; et encore plus loin d’elle l’envie de changer ça, préférant de loin une simple diplomatie. Disons qu’il y a des choses qu’elle n’a pas envie de laisser passer– même pas besoin d’une guerre, ni même d’hurler, ni même de lever les poings, juste assez de diplomatie pour qu’on lui foute la paix… enfin, qu’on leur foute la paix. C'est sans doute de famille, la sur-protection d'autrui. On ne touche pas à ceux que les Di Angelos considèrent comme importants.