Cadenza, c’est d’abord et avant tout un travail sur pattes. Si elle ne travaille pas, c’est qu’elle travaille sur autre chose. Avec sa notion du temps digne d’un poireau perdu dans l’espace, disons que parfois, elle ne réalise pas que les heures de soirée où elle se dit qu’elle va continuer un peu deviennent les heures du matin où elle a continué plus qu’un peu. Là, pas de bol, c’est exactement ce qui est arrivé… à quelques détails près. La voilà, comme une débile, qui s’est totalement endormie dans son atelier. Encore une fois. Elle devrait presque songer à s’apporter un pyjama et une tente au boulot la prochaine fois, ce serait un choix judicieux.
Un crayon dans la main, la tête écrasée sur les plans, la voilà dans une bien drôle de position pour dormir. Elle avait déposé les grandes feuilles sur son bureau pour y mettre les touches finales, touches qui devinrent malencontreusement les petits wattouats qui l’apportèrent au doux monde du dodo. Les lumières ouvertes, à côté du fier Zappington qui s’était endormi bien avant elle, quelque chose de merveilleux se produit pourtant.
Elle entend quelqu’un hurler son mécontentement comme un réveil bien peu agréable, ce qui la réveille d’un seul coup. Bon, si c’est un réveil peu conventionnel qui a presque donné envie à son coeur de faire faillite, c’est aussi un sacrément beau cadeau qui va lui permettre de ne pas se casser le dos à dormir à son bureau plus longtemps.
Oui, son optimisme est sans failles.
Même si bon, maintenant, la voilà intriguée. Il faudrait quand même aller voir ce qui se passe, non ? Zappington la suit, à moitié réveillé, alors que l’effet douche froide causé à sa maîtresse risque de l’empêcher de dormir pour au moins quelques heures. Elle risque de le regretter plus tard, mais eh. Elle suit les bruits, comme une véritable détective (pas du tout, ils sont difficiles à manquer), pour aller voir ce que son réveil-matin a comme soucis.
« Z’avez besoin d'aide ? » Elle baille. « Elle vous a fait quoi vot’ bagnole ? Z’allez la faire pleurer, à force ! » Ça, et le reste du quartier-- mais c'est surtout par humour qu'elle le dit, pour apaiser les tensions. Elle aime pas trop aider les gens en colère. Bon, elle sait que la bagnole ne pleurera pas pour vrai, c'est pas elle qui l'a créée. Si c'était le cas, elle n'aurait rien pu promettre sur les engueulades de la part d'une voiture.
Peut-être est-ce le manque de sommeil, mais oui, Cadenza aime vivre dangereusement. Ça, et son mouton électrique. Ça aide. Puis, bon, c'est p't'être juste quelqu'un qui a des soucis nocturnes avec une voiture. Y'a rien d'ouvert à ces heures là, même elle serait pas d'une humeur hyper agréable.