Odyssey faisait toujours les choses en grand, et si il n'avait jamais mis les pieds dans ce laboratoire, il n'était même pas surpris à la disparition d'un mur complet. Il est un peu plus surpris de voir Charlotte Garnier, cela dit. Elle se déplacerait en personne ? Ce n'est pas qu'une simple annonce de routine, alors.

Avant de venir, l'homme a étudié quelques dossiers. Il connait ses camarades. Il n'avait pas besoin de lire celui d'Aleksia, bien entendu, mais toute précaution est bonne à prendre. Il souffle du nez lorsqu'elle l'interpelle en hachant son nom de famille en deux.

- C'est Di Angelo. Je tiens à la particule.

C'est une question de fierté, voyez vous. Il écoute le speech et hoche simplement la tête à chacune des consignes. Il n'avait pas amené d'autres pokémon que deux, de toute façon. Cependant, il va devoir se séparer de son revolver et cela ne lui plaît pas. Déjà parce qu'il n'est pas censé en avoir un (en tant qu'organisateur d'évènements, comprenons nous bien) et parce qu'il n'a pas envie de se débarasser de son moyen de défense principal.

- Aucune.

Mais il accepte, dépose les deux pokéballs sur le tapis roulant, puis sort de l'intérieur de sa poche son arme de poing, ce pistolet doré qui l'a déjà sorti de nombreuses situations délicates. Il ne se retourne pas, agit juste normalement. Comme si c'est un paquet de cigarettes qu'il sortait de sa poche.

- Je compte le retrouver en parfait état.

Avec celui ci, il dépose cigarettes et téléphone. Ah, il aurait peut être du fumer avant d'entrer. Tant pis. Ce n'est pas comme si la visite allait durer plus de deux heures, de toute façon. Garnier n'aurait pas autant de temps à leur offrir.

Une fois la sécurité passée, il libère Arès, son Couaneton d'Atlas, et Perséphone, son Miaouss d'Alola. Autant être capable de réagir vite.

Engager sur le terrain la journaliste phare de l'organisme mondial pour vanter les prouesses de l'organisme mondial ?... Un bon coup de comm' digne d'Odyssey. C'est leur façon de procéder toute crachée. Aleksia n'a donc été que partiellement étonnée d'être conviée à cette curieuse avant-première scientifique. "Partiellement", car c'est un domaine qui échappe à son principal champ d'activités : les arènes. Une once de surprise s'est donc glissée entre les lignes, lorsqu'elle a lu le courrier reçu plus tôt dans la semaine. Enfin ! La rédactrice ne va pas se plaindre de l'invitation, loin de là. Les progrès et innovations scientifiques piquent autant sa curiosité journalistique que personnelle. Un rendu sur ce qu'elle s'apprête à découvrir aujourd'hui - dans la limite du possible, Arceus sait le nombre indécent de protocoles et secrets à ne pas divulguer avant les instants T - lui est donc aussi intéressant qu'avantageux. Ainsi donc, l'Odyssey Charity Rumble se passera, l'espace d'une journée, de la commentatrice pokésportive n°1 d'Atlas. Parvenir à se libérer en cette période de reprise des combats d'arène serait d'ordinaire on ne peut plus délicat - pour ne pas dire totalement impossible -. Mais puisque miss Iraklidis est l'unique journaliste de son département à avoir reçu un passe-droit... La hiérarchie n'a pas réfléchi bien longtemps avant de lui permettre la modification de son emploi du temps. Après tout : c'est une aubaine pour la presse.

Une heure. Un lieu. Une balise GPS. Rien de plus facile pour rejoindre un rendez-vous. Rendez-vous, Aleksia doit l'admettre, dans une zone particulièrement surprenante. Au revoir paysages urbains, bonjour étendues sauvages et arides du désert. Un endroit plutôt difficile d'accès - au moins, on ne peut pas dire que le laboratoire n'est pas à l'abri des regards - qui a contraint la belle à se garer un peu plus loin et terminer la route à pieds. Fort heureusement pour elle, Aleksia connaît une vieille amie qui lui a parlé mille et une fois d'Anhour. La journaliste s'est donc apprêtée de façon à ne pas succomber à la chaleur et les grains de sable volant. Et, second avantage... L'imposant Tyranocif qui lui emboîte le pas. La coupant des vents sablonneux et lui faisant un peu d'ombre assez bien accueillie face à ce soleil de plomb.

Goliath. Pourquoi avoir un bodyguard lorsque l'on peut avoir un lézard de deux mètres dix aux écailles si dures qu'elles pourrait servir de gilet pare-balles ? Mais ce n'est pas pour ça que l'ex-dresseuse se pavane avec l'un des pokémons à qui elle doit son succès de jeunesse. En fait, elle voulait tout simplement lui faire profiter d'un cadre qui, il y a fort longtemps, était le type de climats servant d'habitat naturel à son espèce. Et ça ne manque pas ! Goliath est ici comme un Poissirène dans l'eau. Appréciant bien plus que l'humaine la canicule et les assauts du sable qui fouettent sa peau.

Lunettes dans leur étui - à quoi bon les porter, si ce n'est pour les rayer avec le sable ? - Aleksia peine à reconnaître les silhouettes au point de rendez-vous. Ne discernant leur identité qu'une fois suffisamment près. Agréables surprises.

Pandy ! Alessio ! Elle salut avec enthousiasme ces deux visages très familiers. Sourire avenant aux creux des lèvres tandis qu'elle se présente plus sobrement à Redo qu'elle ne pense pas connaître. Ses traits ne lui disent rien, tout du moins. L'accueil est beaucoup moins hospitalier de la part du Flamiaou qui feule sur la troupe. Le chaton se voit répondre d'un grincement rauque, presque rocailleux, qui gratte la gorge du Tyranocif n'appréciant pas qu'une crevette dans son genre ne lui parle sur ce ton. Fort heureusement, la "porte", si l'on peut appeler ça ainsi, s'ouvre à ce moment. Coupant court à la chamaillerie.

Charlotte Garnier apparaît alors devant le quatuor et leur expose les réglementations. Aleksia acquiesce aux conditions, non sans grimacer sur certains points. Elle peut dire adieu à l'iconographie de son article en déposant son appareil photo. Sans parler du micro-enregistrement épinglé à son chemisier. Il ne passera jamais les portiques, pas la peine d'y songer. Heureusement que rien n'interdit les calpins et les stylos. Alors, la journaliste se défait de ses effets. Les déposant dans les bacs tout en répondant à la diététicienne qui en fait de même.

C'est magnifique, du peu que j'en ai vu. Et Goliath semble aussi apprécier la vue ! D'ailleurs, je te remercie de toutes ses heures passées à me parler du désert. Je pense que tes conseils vestimentaires m'ont sauvés d'un malaise durant dix minutes de marche. Son regard se pose sur le revolver de son collègue, puis sur lui-même. Dans les textes, les anges sont désarmés. Di Diavolo. Une étincelle espiègle dans les yeux, la journaliste retrouve son sérieux lorsqu'il est question de savoir quels pokémons amener avec elle.

Goliath est attentif, en plus d'être très calme - ce qui n'est pas le cas de certains, dans son équipe - Il est moins susceptible de créer de la casse qu'une Amalthée et sa laine électrique, qu'un Kratos et sa délicatesse pachydermique ou encore d'un Perseus querelleur. D'autant plus qu'Alessio s'est muni d'un autre Couaneton d'Atlas... Tout le monde sait que les représentants de cette espèce se battent entre eux jusqu'à savoir lequel des deux est supérieur à l'autre. Bref, une très mauvaise idée, donc. Mais malgré tout ça, le Tyranocif n'est lui non plus pas le candidat idéal, de part ses dimensions d'armoire à glace, au sein d'un laboratoire plein de matériel de valeur. Aleksia pense alors à son petit Nounourson ou encore son Ramolosse mais... Les deux risqueraient de se perdre, endormis quelque part à l'abri des regards. Elle soupire. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Les seuls qui pourraient faire l'affaire sont...

La journaliste rappelle le Tyranocif avant de déposer les pokéballs - la sienne comprise - qu'elle ne peut pas emmener. Pour le remplacer elle invoque Cerberus, un jeune Malosse au pelage d'un bleu nuit singulier. Le molosse est si obéissant qu'on pourrait le croire dressé comme un Ponchien de police. Quant à son second choix, il se porte sur Thanatos, son fidèle Corayôme. Probablement le plus sage de ses coéquipiers - pour ne pas dire qu'il reste souvent inerte dans son coin à soupirer -. Pour l'instant, ce dernier reste dans sa pokéball.

Aucune. Répond-elle à leur hôte haut placée.
La voilà prête à débuter la visite et en découvrir le secret.

C'est vraiment une énorme connasse et si il habitait à Hestia, il ne voterait clairement pas pour elle. Mais Alessio garde la face

- Je ne suis pas un dresseur, Charlotte. C'est ma manière de me défendre en cas de problèmes. Et ce n'est pas illégal, à ce que je sache.

Oh non, il avait bien un permis pour cette arme. Et puis, même si il n'en avait pas, qui oserait dire quoi que ça soit ? Si il peut se permettre de l'appeler par son prénom, c'est qu'Alessio a assez confiance en ses capacités. L'homme suit simplement la marche, glissant, tout bas, quelques mots à sa collègue Aleksia

- Et bien. Moi qui pensait que les requins d'Odyssey n'étaient que dans la tour à Zeus...

Un sourire en coin alors qu'il écoute le speech de la dirigeante. Les menaces habituelles qu'il sait être très efficace sur la plupart des habitants d'Olympus, mais à vue de nez, pas vraiment sur le quatuor présent ici. Deux anciennes habitantes du désert, une star dont Odyssey ne pourrait pas se passer et lui même. Ah, il n'est pas inquiet. Mais il n'est pas la pour froisser son employeur.

Il pourrait répondre, encore, mais il ne faudrait pas énerver la chef.

Forte personnalité ? C'est un euphémisme lorsque l'on parle de madame Garnier. Heureusement, Aleksia est aussi imperméable aux paroles venimeuses que les plumes des Lackmécygnes le sont avec l'eau. Même si, pour le coup, la journaliste n'a pas besoin de l'être. Puisqu'elle ne fait pas de vague, elle n'attire pas les dédains de leur hôte. Ce qui n'est pas le cas d'Alessio à la particule écorchée ni de Reda et son fidèle félin grognon. Ceci dit, la calme rédactrice ne manque pas d'esquisser un sourire amusé (allant même jusqu'à pouffer de rire) face à l'enchaînement de réponses nonchalantes. Ces deux là font la paire en matière de "pic moi, je te piquerai plus fort en retour". Au final, on a affaire a un quatuor qui ont le même sens de l'humour et de la répartie. Il y a en simplement deux qui l'expriment plus distinctement que les autres.

Dans un sens les requins sont connus pour être une espèce migratoire... Elle souffle cette réponse espiègle à son collègue avant de s'en approcher d'un pas pressé. Aleksia a sursauté en voyant l'atro- pardon. l'adorable petite chenille d'un mètre dix. Une main sur le cœur, l'autre agrippé à la manche de son voisin, la journaliste soupire en tentant de retrouver son rythme cardiaque. Pandora la connaît depuis des années, mais, elle a dû oublier sa peur bleue du type insecte. Quelques traumas d'antan toujours en mémoire.

Observateur et protecteur, son Malosse agit en véritable chien d'aide et service. Le voilà qui semble cerner la crainte de sa propriétaire vis à vis de la Pyronille, alors, il veille à s'interposer entre eux. Histoire d'éviter que la pauvre chenille n'approche d'un peu trop près l'humaine et que cette dernière se mette soit à crier, soit à lui donner un coup de pied par mauvais réflexe. Dans tous les cas : vaut mieux éviter.

Aleksia s'excuse et lâche son emprise sur le pauvre bras du brun avant de s'adresser à mi-voix à son amie d'université, un léger rire nerveux ponctuant sa phrase :
Désolée, j'avais pas signé pour le trigger larve géante.

Mais bon. Elle ne va pas baigner dans des sueurs froides toute la journée, on se ressaisit ! Aleksia se concentre sur les dires de Garnier et suit le sens de la visite. Non sans jeter un regard curieux, en biais, aux deux scientifiques qui se sont rajoutés. Comme deux gardes du corps prêts à agir à la moindre contrariété.

Une découverte majeure d'Odyssey ? Pourquoi est-ce qu'il est donc là ? Pour s'assurer que tout se passe bien ? A priori, non, puisque Garnier ne lui fait même pas confiance. Il était plus habitué aux notes de services qu'aux visites dans les laboratoires, lorsqu'il s'agissait de l'informer d'une nouveauté. Mais c'était acceptable, comme changement.

Puis un aboiement. Une forme d'Atlas ? Il découvre le Caninos, comme tout le monde. Il ne ressemble pas à un pokémon d'Atlas, c'est certain. Hisui ? C'est ou, ça ?

-Et... pourquoi pas un Caninos de Sinnoh, si il vient de la bas ? Pourquoi avez vous décidé de le nommer d'Hisui ? Dans mes cours de géographie, il n'y avait aucune région de ce nom.

Ils ont probablement une réponse très clair, mais il aime bien avoir toutes les informations. Pendant que quelqu'un pose une question sur son type, il s'approche un peu plus et tend la main vers le pokémon pour le caresser. Il est doux, sauf le pic sur sa tête qui semble être constitué de roche.

- C'est intéressant. Si ces espèces sont aussi adorables que ce Caninos, les Pokégacha vont être pris d'assaut dans les semaines suivant leur sortie. J'imagine que vous avez déjà prévu assez de pokémons pour combler tout le monde ?

Parce que les formes d'Alola et de Galar, on connaît déjà ça depuis un moment. Il se tourne vers Aleksia en reculant.

- Peut être que nous aurons un changement dans le classement des arènes, avec l'arrivée de nouveaux pokémons. Certains ne s'adapteront peut être pas aussi vite que l'on croit.

Ses mésaventures avec l'insecte géant sont d'ores et déjà de l'histoire ancienne - bien qu'elle veille tout de même à sa distance de sécurité, légèrement aux aguets -. Car tout autre chose tient désormais son attention en haleine. La fameuse découverte pour laquelle le quatuor aux profils bien différents a été convié au cœur du laboratoire secret.

Leur visite guidée s'est stoppée face à un milieu naturel artificiel. Un parc à pokémon canin où y trône fièrement le petit maître du territoire... Un Caninos bien singulier. Unique. Irréel. La passion d'Aleksia s'enflamme presque instantanément. Cette créature remplit tous les critères de fixations de la journaliste a l'esprit curieux : pokémon et histoire.

- Par Arceus, il est incroyable.

L'écrivaine s'approche, dégaine le bloc-note et le stylo qu'elle a eu droit de garder en passant les portiques de sécurité et se met à griffonner frénétiquement. Des pense-bêtes, des éléments clés, pour un article à venir qui fera une fois de plus exploser les ventes d'Odyssey. Elle s'affaire même à schématiser le Caninos d'Hisui. Dessinant les particularités qui le différencie de ses congénères.

- Hisui ne relève pas des livres de géographie, mais de ceux d'Histoire et civilisations anciennes. Cela faisait partis de mes options universitaires... Fait-elle remarquer, en guise de réponse aux questionnements d'Alessio. Hisui est l'ancien nom de la région Sinnoh. Les livres d'Histoire parlent de formes régionales, mais, ils parlent également du fait qu'au fil des années on pensait ces formes Hisuites disparues, à défaut d'en rencontrer...

Chaque question posée par le quatuor s'avère intéressante. L'une de celles de Pandora fait même tiquer la journaliste sur un détail. Maintenant qu'elle repense à la formulation de madame Garnier...

- On nous a tous inculqué qu'il n'existe plus qu'Atlas en guise de terre non-hostile. Ainsi qu'il n'existe plus de pokémons à l'état sauvage. Mais si une expédition à Sinnoh a été possible et que ce Caninos y a été trouvé... Rendez-vous compte du tournant que cela pourrait signifier pour la société ? Votre découverte relève bien plus qu'une simple espèce nouvelle.

Tout le système Gacha pourrait se voir perturbé par la connaissance d'espèces sauvages, quelque part dans le monde. Et si les vestiges de Sinnoh s'avéraient habitables ? Ca aussi, ça altererait bien des choses.