Les escaliers sont trop longs, et les marches trop hautes. Alors j’attends qu’les dimensions n’soient plus démentes. Mais de la démence à la décence, il n’y a qu’une lettre. Pas vraiment une lettre, juste un peu plus d’la moitié d’un « o ». Un fragment d’clairon suprême, plein de strideurs étranges. Silences, traversés des Mondes et des Anges. Et les romances gélifiés des contes et des engelures. Enflure. Il y a ce mec avec du blanc dans les cheveux qui passe, et m’regarde de haut. Il monte, il grimpe, il gravit. Sans doute une expédition d’plusieurs jours jusqu’au deuxième étage. Son pic à glace qui s’plante, des éclats sur ses tempes. Et il vient de là, le blanc, de la neige qui tombe. Mais dehors, il fait que d’pleuvoir. Des gouttes chaudes qui chuchotent sur des chemins cimentés. Des gouttes, chaudes, qui chuchotent. Des incantations élargissant le spectre colorimétrique. J’aperçois des variations, je contemple des nuances dans les escaliers. J’ai la vision des papillusions, et j’vois des déflagrations à la typhlosion. Je. Je. Je. Encore et toujours « je ». Est-ce que tout n’existe que par rapport à moi ? Ou bien ce n’est qu’une accumulation d’hallucinations olfactive ? Wouah. Je perçois des arômes de trucs brûlés, mais il y a pas d’flamme parmi les flocons. Et peut-être même qu’il n’y a pas d’flocons. Et si c’est le cas, alors peut-être qu’il y a des flammes. Est-ce que l’alpiniste a planté son drapeau bigarré dans son parquet ? Le parquet, c’est aussi un groupe de magistrats. Et un enclos pour l’élevage des volailles. Vol, aïl. Et j’crois qu’il a arrêté de neiger. Mais j’suis pas certains qu’il ait déjà neigé dans l’bâtiment en fait. Mais dehors, ouais, c’est sûr qu’il pleut. J’entends encore les gouttes chaudes qui chuchotent sur des chemins cimentés. Je suis pas encore revenu au point de départ. Attendez. Les escaliers, ouais, ils sont trop longs. Et les marches, voilà qu’elles dévalent et m’tapent dans l’dos. Des marches bizarres, avec des couleurs bizarres, et des attitudes bizarres. Genre, qui tiennent un chiffon et se bagarre pour l’avoir.
« Kat ? Wouah… azy elles sont chelous les marches… Comment t’as fait pour descendre ? »
Je crois que j’en ai monté trois avant d’abandonner. Ou peut-être deux, je n’sais plus. Toxine, quelques centimètres plus bas, elle a l’nez dans un gobelet de café. Ah, c’était pour ça, ouais. C’est pour ça que je sais qu’il pleut dehors. J’étais sorti pour acheter deux cafés. J’avais envie d’café. Et Toxine aussi. Je voulais juste faire l’aller et l’retour, mais j’ai dû m’souiller les synapses avant. J’ai oublié les synapses arrières. Nan ça veut rien dire. Kat est super grande. Quelque chose comme trois têtes de plus que la semaine dernière. Trois têtes ou deux marches. Peut-être plus les marches. Qu’importe. Je claque mon poing contre le sien. Ouais ouais ouais, la bratanerie. C’est quel genre de sourire qui s’creuse sur mes lèvres ? Toxine a délaissé l’gobelet, elle a l’œil luisant, des rayons ultraviolets. Et cet œil qui brille est braqué en direction des deux insectes. Des insectes qui continuent de s’battre. Parce qu’en fait, c’est pas des marches. Et en même temps, les marches, c’est pas mobile normalement. C’est plutôt inerte. Et donc, ça ne s’bagarre pas.
« T’avais remarqué, qu’en fait, le « c », c’est presque la moitié d’un « o » ? Du coup, peut-être c’est pas vraiment une lettre ? »