AAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah; voilà un bon résumé de ce qui se passait dans la tête de Skye.  Il avait capté un mouvement dans le coin de sa vision, et s’était retourné en même temps qu’un géant s’était relevé avant de lui adresser la parole. Et Skye, lui, dans sa tête ça faisait des galipettes. D’un côté il se trouvait un peu bête de ne pas l’avoir reconnu dans sa hâte de parler avec la réception de l’établissement, de l’autre il était gêné de l’avoir appelé monsieur; pas pour le geste lui-même, mais parce que du haut des 20 ans de Skye, avec ses 24 ans, eh ben, pour lui, Fenrir c’était un monsieur, un vieux quoi! Il n’y avait toutefois pas que l’embarras qui habitait le jeune couturier; il y avait d’autres types de sentiments qui se réveillaient en lui, qui vinrent rosir furieusement se joues.

Bah quoi. L’est beau le mec, laissez le petit tranquille!

Heureusement, pour Skye paraitre professionnel était quelque chose de très important pour développer sa marque auprès d’Odyssey et des dresseurs de Pokémon. Si son regard erra un peu trop longtemps sur le torse de Fenrir, c’était surtout qu’il était en train de remettre son cerveau en ordre, et pas parce qu’il en profitait pour le reluquer un peu, promis; et puis son torse lui arrivait à sa ligne d’horizon! Lorsqu’il releva les yeux, malgré le feu à ses joues, c’est d’un ton des plus polis et quelque peu maitrisé qu’il lui adressa la parole;

«C’est noté, Fenrir», fit-il avant d’ajouter, du tac au tac; «Est-ce que le tutoiement est également à privilégier?»

Lorsqu’on lui fait isgne d’avancer, évidemment, le petit sage qu’il était, il s’enfonça dans les portes vitrées -ou, plutôt, de vitre- et commença à profiter de l’atmosphère du bâtiment. Pour autant, Skye n’était pas en train de profiter pleinement de l’architecture des lieux; son esprit et ses yeux étaient occupés à analyser comment Fenrir marchait, sa posture, les vêtements qu’il portait aujourd’hui. Il se dressait un portrait mental, vérifiait les endroits où le tissu était peut-être trop tendu ou trop court, selon; après tout Fenrir, on l’a dit, était proche du deux mètres, et ça représentait toute une série de défis! Des défis que Skye avait hâte de relever, cela dit, bien que c’était certes la première fois qu’il travaillerait sur un projet du genre! Faut dire, la plupart de ses modèles jusqu’à présent ont été soit lui, soit des femmes…

Puis voilà que Skye entre dans l’ascenseurs, qui lui semblait trop petit, causait trop de proximité; sa respiration s’accéléra un peu, et il serra ses bras contre lui; ce qu’il aurait donné pour faire un câlin à son Pokémon, qu’il avait l’habitude de tenir dans ses bras. Puis la question tomba. Une question toute simple, toute bête, une question qui aurait dû être simple à répondre. Attention; ne croyez pas que Skye avait honte de là où il venait! Non, malgré les soucis il aimait son quartier, puisque sa famille y était. Mais voilà; vous dites que vous venez d’Hadès et bien souvent les gens prennent peur, ou alors ont pitié de vous, et Skye détestait ça! Non; valait mieux esquiver adroitement la question. Enfin, le plus adroitement possible, bien qu’un certain malaise semblait s’être perché sur ses traits alors qu’il n’y prêtait plus attention :

«Oh, avec les transports en commun, à Olympus tout est relativement proche» dit-il sur le ton de la conversation, «Et puis l’adresse est assez proche des grandes artères, du coup c’était assez rapide à trouver, oui! C’est toujours un signe de grand succès ça, se trouver près des grandes artères… y’a de la fierté à trouver, félicitations» finit-il par dire, moins pour flatter l’égo de Fenrir et plus comme une constatation de passage; et puis ça détournait l’attention du point épineux. L’ascenseur s’ouvrit enfin à l’étage sélectionné par Fenrir, et Skye se retrouva dans un couloir fait de bureaux de verres; la vue, au-delà du bâtiment, était d’ailleurs magnifique, la faute à l’emplacement du quartier en général. C’était pas à Hadès qu’on verrait un truc du genre…

Il se laissa mener vers une des salles, tentant maladroitement d’entretenir la conversation «Qu’est-ce qui a précipité la décision de me contacter pour une constultation? Si je peux me permettre de demander, bien sûr.»

Skye sursauta légèrement lorsque Fenrir se mit à ricaner, sa tête rentrant tout naturellement dans ses épaules alors qu’il eu un léger mouvement de recul, à peine perceptible. Il avait dit quelque chose de comique, au moins? Fronçant des sourcils, il tenta de se remémorer leur discussion; non, Skye était on ne peut plus sérieux, professionnalisme oblige, et n’avait pourtant pas sorti de vanne. Son regard se posa donc sur Fenrir l’espace d’une seconde, l’incompréhension se dessinant sur son visage alors qu’il n’osait pas demander ce qui se passait. Étant assis, voilà qu’il devait allégrement se dévisser le cou pour apercevoir le visage de l’autre. Comme Marshal et Ryuka, il était fait avec les gênes de demi-géant, celui-là aussi. Replaçant la perruque verte sur le sommet de son crâne, Skye lui répondit sur le bout des lèvres. «Oui, c’est bien ce que je me disais. Et puis pour les fans, la constance est mieux. Si t’arrivais demain en pleine arène avec un tutu, ça ferait un choc. Enfin, on sait que ce genre de chose peut attirer l’attention, mais pour combien de temps… Alors pour toi, on va éviter le tutu.» glissa-t-il, s’imaginant tout de même le colosse avec un petit tutu de ballerine et un collant; tout naturellement, son sourire revint prendre sa place.

Skye ne pu s’empêcher, tout naturellement, de lever les yeux vers les-dits-bras, tournant au rouge pivoine alors qu’il songeait simplement à ce qu’il aimerait bien voir ces bras-là lui faire… il reposa le nez dans son cahier, le fixant avec des yeux ronds. C’était pas le moment de penser aux câlins, nah mais oh! Il s’éclaircit la gorge, n’osant définitivement pas tenter de croiser le regard de l’autre. Il savait… oui, il devait avoir deviné tout de son trouble, se dit-il, son anxiété prenant le dessus. Et pourtant, il avait du travail à faire; la voix un peu tremblante, voilà que Skye se levant de sa chaise, pointant le bras le plus proche de lui en tentant de chasser ses belles idées inappropriées.

«Quand tu dit que tu aimerais avoir une manche qui se retire, tu veux dire à ce niveau-ci» fit-il en pointant son bicep, «ou plutôt ici?» continua-t-il en pointant l’épaule; en gros il pouvait lui faire une manche qui se retirait partiellement ou complètement, selon ce qu’il préférait; «Selon ton confort, on a plusieurs options pour des manches qui se retirent» fit-il en retournant en position assise, commençant à faire trois croquis différents, très sommaires; «Si tu veux des manches qui se retirent avant de mettre la hoodie, on peut toujours aller dans le très tape-à-l’œil combo d’œillets sur la manche et le corps du hoodie. Par contre sans enlever carrément tout le hoodie, ce sera pas possible d’enlever la manche sur place, et je dois t’avouer qu’on ne parle même pas de remettre la manche, disons que c’est plutôt long. Ça ressemblerait à ¶url=https://i.pinimg.com/564x/8b/17/e2/8b17e22555bff3e6f7e9963dcde7e89b.jpg]ça[/url]…» fit-il en lui tendant momentanément son cahier de croquis, avant de continuer sur sa lancée.

«En vrai je propose pour la forme, je crois pas que ce serait très approprié pour l’utilisation que tu risques d’en faire. Sinon pour l’effet très dramatique, y’a toujours les bons vieux snap-on. Genre si tu veux arracher tes manches mid-combat, y’a absolument rien d’aussi efficace. Par contre pour les remettre, ça sera beaucoup plus simple que de relacer des œillets, mais quand même, faut faire les boutons un à un. Les boutons à snap ont tendance à être légèrement bombés par contre, donc si tu crois que t’es sensible aux ‘morceaux qui accrochent’, vaut mieux éviter. Au minimum si ça t’intéresse je peux te faire un prototype pour que tu puisses voir si la sensation te dérange» fit-il en lui glissant un nouveau croquis; «Par contre le gros désagrément des snaps, c’est que je peux seulement les mettre au niveau du biceps, comme il doit y avoir un overlap entre les différentes épaisseurs de tissus»

Il fronça des sourcils, se marmonnant quelque chose à propos du fait qu’il devait, d’ailleurs, trouver une manière de rendre deux épaisseurs de manches enlevables; mais il allait probablement se contenter d’en faire deux sets différents, selon la température. Voilà que déjà il commençait son troisième croquis pour la postérité; certes, il aurait pu se contenter de tout lui expliquer, mais Skye avait besoin de se souvenir de leurs discussions lorsqu’il serait de retour à l’entrepôt. «Le plus simple à faire, à positionner, et qui ne paraitra pas, c’est de simplement mettre une fermeture éclair à la jonction de ton choix. Facile à enlever, facile à mettre. Ça a peut-être pas le pizzaz des deux autres options, mais de toute manière ce sont tes muscles qu’on veut regarder…»

Sortant ses crayons de couleurs -oui oui, des vulgaires crayons de couleurs en bois. Y’a pas à dire, peut-être que ça prématernelle, mais ça fait le travail-, Skye se mis à faire un croquis de Torgamord dans le coin de la page, surtout pour garder en tête les couleurs du Pokémon, ainsi que les points seyants de son apparence, contre cette genre de corne sur son front qui allait jusqu’au sommet de sa tête.  Du bleu, du jaune et du brun; assez simple, et puis le bleu du Torgamord s’agençait très bien avec les mèches bleues foncées des cheveux de son dresseur! Skye, ayant fait ses recherches, savait déjà que Torgamord était son premier Pokémon, comme Togepi était le sien, mais c’était tout de même bien d’avoir la confirmation. Le jeune cosplayeur se garda bien de faire quelconque remarque quant à la popularité du Pokémon; après tout, c’était connu, le jeune homme aimait les pokémons mignons, et Torgamord… et bien, il supposait que chaque Pokémon pouvait être mignon si on prenait la peine d’apprendre à la connaitre, mais il préférait ses petits pokémons roses, pour la peine.

À chacun son truc, hein. Après, ses pokémons… il les imaginaient difficilement être utiles dans les épreuves des arènes, après.

«Je te propose qu’on reprenne un peu les couleurs, le bleu de Torgamord t’irait très bien. Ça pourrait être la couleur principale du hoodie, et je pensais faire un colorblock jaune au niveau des coudes, et peut-être mettre du brun pour la poche avant du hoodie? Ça reprendrait les couleurs sans trop imiter la forme. Je te proposerais de faire le pantalon d’une couleur plus neutre, peut-être un noir ou un bleu très foncé. Les basquets c’est parfait, est-ce que tu comptais aller t’en chercher toi-même une fois l’habit fait, ou tu voulais que je m’en charge de ça aussi? Je ne sais pas en faire -encore» précisa-t-il, comme si c’était sur sa liste de choses à apprendre. «Si tu veux une fois la couture terminé, on ira chercher ensemble. C’est inclus dans ce qu’Odyssey paie, de toute manière» précisa-t-il.

Skye releva les yeux vers lui, surpris, lui adressant un sourire rayonnant. Skye était très fier de son travail, et possédait parfois très peu d’humilité quand venait le temps de parler de son travail, mais c’était toujours un plaisir non feint quand on complimentait ses croquis et sa couture. C’était tout à fait différent de faire un cosplay et un habit pour un dresseur, parce que si les deux doivent taper dans l’œil et être clairs, pour le cosplay, on était toujours sûr des couleurs et des formes à utiliser; il fallait de l’imagination pour interpréter, mais pas pour imaginer…

Skye sourit, Skye hoche poliment de la tête, Skye n’ose pas dire que s’il en parle, c’est parce que beaucoup de clients lui ont fait la merde avec des trucs comme ça quand il a commencé à travailler pour Odyssey. Toutes les nouvelles sensations des écuries qui veulent une nouvelle tenue stylée mais qui ne comprennent pas que la mode ça peut être encombrant et inconfortable si c’est pas bien fait. Il ne dit rien; d’un parce qu’il n’oserait pas volontairement parler en mal d’un client devant un autre client, professionnalismes oblige, et de deux parce qu’il avait autre chose à faire, toutes choses considérées. Ça lui faisait quand même un bien fou de se trouver avec quelqu’un qui avait au minimum une idée de la direction et qui ne voulait pas faire de chichi sur les détails, quoique parfois Skye hésitait sur les design et détestait qu’on lui remette tout ça dans les mains.

« Ah, c’est mon travail après tout de m’y connaitre » dit-il avec entrain, grimaçant à l’idée d’un couturier qui s’y connaissait moins en couture que son client; après sûrement que ça s’était déjà vu, des dresseurs y’en a de tous les horizons après tout. « Je suis personnellement pas très sportif » dit-il comme si Fenrir ne l’avait pas deviné juste en regardant sa taille de crevette, « donc je ne peux pas parler des habitudes liées au hobby, mais très peu de gens connaissent leurs mensurations, surtout que je dois mesurer le dos, la longueur des bras, les distance par rapport au sol, enfin, tu vois le genre. Ça va prendre un moment, mais je vais noter ça le plus vite possible, et surtout avec précision pour qu’on ne soit pas obligés de tout recommencer. »

L’horreur, quoi. Surtout pour le couturier, parce qu’en plus de revenir à Odyssey prendre les mesures, ça voulait dire de recommencer la pièce et de perdre tout le matériel utilisé pour la création. LA catastrophe, quoi; valait mieux tout bien faire du premier coup, mais on peut supposer que c’est vrai pour n’importe quel travail de création.

Occupé qu’il était à gay panic alors que Fenrir enlevait son chandail en mode yolo, il manqua presque le remarque du dresseur quant à sa taille et à son poids. 1m96, c’était pas exactement la taille de Marshal, ça? Il ne se souvenait plus – mais si c’était le cas, au minimum il pourrait lui faire essayer le morceau pour les longueurs (mais pas la largueur. Marshal avait beau être musclé, il était pas si musclé). Un peu confus, il ne comprenait pas pourquoi on lui donnait son poids; à la limite la hauteur ça pouvait être utile (quoique dans ce cas-ci, pas du tout), mais son poids? Skye se contenta d’hausser mentalement des épaules en se disant que pour un néophyte, c’était normal de pas savoir ce qu’il voulait dire par «mesures».

Skye s’exécuta donc dans sa longue, trop longue série de mesures; la taille, les pectoraux, la longueur à partir de la nuque, le dos, bref, on va éviter de tout énumérer mais c’est allé un peu comme ça, avec notre cosplayeur qui maniait son ruban à mesure de manière dextre et habituée, en tentant le plus possible de ne pas actuellement toucher le client, ce qui était plutôt difficile comme il n’était pas capable d’en faire le tour de ses bras! Imaginez un touché qui, constamment, ne fait que vous effleurer; l’horreur. Il dû à un certain point grimper sur une chaise pour prendre ses mesures, vu comme il avait pas envie de se mettre sur la pointe des pieds et à bout de bras pour mesurer la largueur du cou et tout. Le manège dura un bon cinq à dix minutes, pendant lequel Skye était trop concentrer pour voir les gens qui, en marchant dans le corridor, ralentissait au niveau du bureau pour regarder les deux hurluberlus (enfin, surtout pour regarder Fenrir, on s’entend).

« Ah! Une bonne chose de faite » fit-il finalement avant de poser à nouveau ses fesses sur la chaise qu’il avait tiré, notant la dernière mesure dans son calepin plein de gribouillis de flèches. « Je crois que j’ai tout, Fenrir » dit-il finalement, l’air passablement excité par le prospect de commencer la couture -alors qu’il lui faudrait d’abord créer un patron, une maquette, puis acheter du tissus, et- ah!

« Je te laisse mon numéro de portable si tu veux? Pour se céduler une date pour aller magasiner les chaussures. » expliqua-t-il très innocemment. « Ou si tu as ton planning avec toi, on peut prendre le rendez-vous tout de suite. »