Un silence s'est installé et Aleksia en est presque gênée. Y-a-t-il un problème ? La dresseuse au Caninos est-elle timide, ce qui expliquerait la poignée de mains faîte dans le mutisme le plus complet ? Dans un sens, ça l'étonnerait. Après tout, n'est-ce pas la vieille dame qui l'a contacté pour une interview ? Mais bon... D'un autre côté, la journaliste ne la connaît pas. Et ce n'est pas si rare ni improbable d'être plus à l'aise au téléphone qu'en face-à-face. Disons juste que, si c'est le cas... Cela risque de lui donner du fil à retordre durant l'entrevue. Ou alors, Artémis l'analyse. Ce qui ne rassure pas la facette anxieuse de la belle. Est-ce qu'elle est en train de subir un jugement de valeur porté sur le physique ? Peut-être que la vieillarde estime qu'elle n'a pas la tête de l'emploi ? Ah... Aleksia est à deux doigts d'entamer une séance d'overthinking...
Enfin, ça, c'était juste avant que la voix de madame Mitchell s'élève finalement. Echo dans la salle d'accueil silencieuse. Et quel écho ! La journaliste écarquille légèrement les yeux d'étonnement avant de retenir un rire franc. Lèvres pincées, tremblotantes, tant la chute de la phrase l'amuse. Ok. Aleksia ne savait pas à quoi s'attendre en interviewant une personne âgée, mais, elle peut d'ores et déjà affirmer qu'elle apprécie sa personnalité bien trempée. Et son humour déroutant qui concorde assez bien avec le sien.
- J'aimerais ne pas avoir à contacter les pompes funèbres, de préférence. Elle entre dans son jeu de blagues bancales avant de reprendre son sérieux professionnel. Acquiesçant à la sage remarque de son aînée. Ce n'est pas bon pour le dos, en effet. Elle se redresse alors. Grande perche, Noadkoko d'Alola.
Tout en marchant en direction de la salle, Aleksia écoute Artémis parler. Elle arque un sourcil. La recherche d'un sponsor, hm ? Elle n'est pas étonnée. Etre sponsorisé, c'est un must have dans la carrière d'un dresseur s'il veut se faire remarquer et augmenter ses chances. Et rien de mieux que les interviews des journalistes d'Odyssey pour booster les promotions. Grace à ses entrevues télévisées, de nombreux jeunes aspirants au circuit des arènes d'Atlas doivent à la Iraklidis la trouvaille d'un ou plusieurs sponsors. La belle a même déjà reçu des courriers de remerciements, au cours de ses huit années de métier. Pour ce qui est des entrevues papiers... Moins de retours, il faut l'avouer. Au téléphone, la journaliste lui a proposé l'option de l'interview filmée. Précisant que cela aurait plus d'effet. Mais, Artémis a décliné. Dommage pour elle, car Aleksia le sait d'expérience : un article écrit aura statistiquement moins de visibilité. Mais, elle ne peut que respecter et aller dans le sens de son interlocutrice et sa volonté. C'est une question de préférence et la brune n'y a pas son mot à dire. Aussi, elle rit aux... Compliments ? De la grand-mère sur ses talents.
- Merci, je suppose ? J'apprécie votre franchise. Vous savez ce que vous voulez et où vous allez. J'en prendrais note lors de l'interview, pour vous éviter des questions trop... Hors sujet sponsoring. De plus, je ne souhaite pas vous mettre dos au mur. Aleksia ne sait pas ce qu'Artémis entend par "mettre en difficulté", mais, elle veillera à ne pas réaliser ses craintes. Si tant est que cela est possible.
Leurs pas les mènent à destination et, alors que la rédactrice pose la main sur la poignée de porte, une question (accompagnée d'une canne pointée comme un doigt accusateur) la surprend. Clignant deux, trois fois, des yeux un brin hébétée, la trentenaire se retourne en direction de la mémé. Amalthée est le sujet de ce questionnement soudain. Et la Lainergie fixe sa dresseuse avec la même once d'incompréhension. Se palpant la laine comme si elle y cherchait subitement un problème. Elle paraît négligée ? Ou au contraire, la mémé met en lumière son aspect soigné ? La brebis a du mal à comprendre.
- Hm, et bien... La plupart du temps, ce n'est pas moi qui m'en occupe je dois l'avouer. Non pas que je n'en ai pas envie mais... Le travail me demande du temps, alors je paye les services d'une toiletteuse. J'ignore totalement pour le masque au lait meuh-meuh, mais sachez que je garde l'information dans un coin de la tête. Ca ne peut qu'être positif, n'est-ce pas ? Souriante, son regard croise celui du mouton qui bêle avec approbation. Après tout, si les humains aiment prendre soin d'eux, il en va de même pour les pokémons. Un petit soin au lait meuh-meuh, ce doit être pour eux l'équivalent des huiles relaxantes des SPAs. Vous semblez en connaître un rayon sur les soins pokémons... Vous étiez toiletteuse ?
Aleksia ouvre la porte et invite son invitée à entrer.
- Prenez vos aises, j'arrive tout de suite j'ai... Oublié mon PC dans mon bureau, pour rédiger l'article... Tête en l'air un jour, tête en l'air toujours. On ne change pas les mauvaises habitudes.