Il arrive parfois, même pour une personne si discrète, que les voisins plus ou moins lointains entendent parler d’elle; si elle ne sait trop pourquoi le vent porte son nom si loin, ce n’est pas toujours une si mauvaise chose. Si elle redoute l’attention d’autrui, la plupart du temps, il arrive parfois que les regards se posent sur ses talents dans l’art des plantes; que les voix se promènent. Si la demoiselle est on ne peut plus modeste, ses jardins sont sa fierté, que ce soit celui chez elle ou ceux de Déméter - et il arrive parfois qu’on réclame son aide ailleurs dans ce domaine qu’elle connaît si bien… le seul domaine qu’elle connaît si bien, d’ailleurs. C’est sans doute la seule raison qui la pousse à rencontrer différentes personnes, et ce pourquoi, sans doute, son nom se balade d’oreille en oreille.
Une personne généreuse qui aide pour les jardins. Générosité ? Ça oui. Même si bon, il faut avouer qu’elle ne sait pas dire non, non plus. Ce qui n’aide pas.
Potiron a un jour brisé son arrosoir, un vieil outil qui lui venait de sa grand-mère; le brindibou l’a fait tomber sans faire exprès, et hélas, nul choix que de sortir pour aller s’en procurer un autre. C’est en sortant - loin de chez elle, là où les gens se trouvent - qu’elle fit la connaissance d’une dame plus âgée, sans doute a-t-elle remarqué ce qu’elle achetait et la vitesse à laquelle elle le faisait. Sans doute croyait elle qu’elle s’y connait dans la matière, ce qui est le cas, même si à vrai dire, Eleanor avait seulement envie de partir vite - ce qui ne fut pas possible, évidemment. Apparemment, la dame a entendu parler d’elle d’un autre voisin qu’elle a aidé auparavant. Bon.
Mais la dame est gentille et a besoin d’aide pour ses jardins… impossible de dire non, vous voyez ?
C’est pourquoi elle y est, en ce jour, accompagnée de ses pokémons, même si tous sont installés bien confortablement dans leurs pokéballs, à l’exception de Potimarron, son petit insecte de l’eau qui l’aide à tout arroser comme il se doit. Les mains dans la terre, sa tête est ailleurs, paisible - Si en effet le jardin de madame nécessite de l’entretien, c’est un très beau jardin, pas de doute là-dessus : Même si au vu de la maison autour, cela ne l’étonne pas. Tout est si grand ! Et impressionnant. Dans un sens, elle est ravie de pouvoir y mettre les pieds - c’est un endroit somptueux, ça oui, même si elle doit y travailler.
Beaucoup ne le verraient pas du même oeil, mais y travailler lui permet de le voir sur un œil bien plus rapproché que quiconque qui y mettrait simplement les pieds. Mais à la taille de l’endroit… pas de temps à perdre !
Dans sa bulle, paisible entre les fleurs et les feuilles, un bruit capte cependant son attention - des pas ? Oh, oh non. Elle n’aime pas qu’on l’observe quand elle travaille. Peut-être est-ce seulement quelqu’un qui passe ? Si on ne se soucie pas du bruit, le bruit va sûrement disparaîtr- Ah, ah non. C’est pour elle. Enfin, ça semble être pour Potimarron, ce qui ne semble pas être tout à fait mieux. Le monsieur semble très content, en tout cas. Très enthousiaste. L’exclamation de celui-ci la fait sursauter un peu, même si elle l’a entendu arriver, la nervosité ne la lâchera pas, ça va de soi.
Elle enlève ses gants pleins de terre - comme le reste de ses vêtements, typique lors de ses journées de travail, et prend l’arakdo qui se tient fièrement debout sur ses paumes, pour le lever un peu vers le monsieur - sans doute l’un des habitants de cette maison. Si elle lui montre, il va sans doute partir, non ? D’une voix qui transpire la confiance en soi (pas du tout), d’un ton haut et facile à entendre (non plus), elle tente de communiquer avec autrui - une situation qu’elle aurait sans doute préféré éviter.
« C-C’est… c’est un A-Arakdo. M-Mon Arakdo, oui oui. »
On pourrait presque la voir s’enfoncer dans la terre, ici et maintenant, afin de rejoindre ses plantes bien aimées, mais l’Arakdo semble déjà bien plus en confiance que sa maîtresse. Lui, il salue l’homme d’une de ses petites pattes, l’air tout content. Adorable.
« I-Il… Il s’appelle Potimarron. Il m’aide à… à arroser les plantes. »
Et il en est fier ! T’as vu monsieur comme il arrose bien ? Il descend des mains d’Eleanor en un bond, avant de s'approcher de la fleur la plus proche : En un simple jet d’eau, pouf ! La plante est bien hydratée ! Il est trop fort, hein ?