◊ 2035, Zeus Plaza. Une famille de compétiteurs, un destin tout tracé pour leur fils. Dès qu’il se trouve assez âgé pour se faire coacher, il écoute les conseils de papa et maman avec un premier pokémon qui n’a pas de nom et plus tard, plus de visage dans sa mémoire. Ils en trouveront un meilleur pour lui faire gagner sa place dans l’arène, qu’on lui répète quand il pointe curieusement les compagnons des autres. C’est facile comme vie, il a beaucoup de chance, vous savez ? Les autres dresseurs ne sont pas aussi bien entouré : lui n’a pas de choix difficiles à faire, sa famille et leurs sponsors les font pour lui.
◊ 2053, Docks Poseidon. Il a été préparé toute sa vie pour ça. Le nom de sa famille, ceux de leurs sponsors, il les porte jusqu’à un premier classement, aux côtés d’un autre pokémon sans nom. Mais la responsabilité que sa première survie en arène lui a donnée, elle lui file la nausée. Il a un truc qui le gratte au coin de l’âme depuis ses premières décisions ; les siennes, rien qu’à lui. Ça vient à son paroxysme quand ils tombent sur mieux qu’eux, qu’il sait que son pokémon ne s’en sortira pas et d’un coup, il a un nom.
◊ 2055, Zeus Plaza. Il est chanceux, qu’on lui répète durant toute sa rééducation. Que la chaise roulante dans le couloir pourrait avoir été la sienne, que c’était stupide de s’interposer comme ça. Il n’a plus de pokémon, sa famille le lui a retiré pendant son temps à l’hôpital. Mais il est chanceux, parce qu’il peut continuer sa carrière. L’affaire reste étouffée jusqu’au jour où il fait le choix de couvrir sa cicatrice d’un tatouage à l’effigie de son adversaire et soudain, c’est une histoire de volonté, courage, paix. Même si leur version n’a rien de tout à fait vrai, elle est assez belle pour qu’on accepte de la déterrer, on le met en scène afin de raconter son parcours du combattant.
◊ 2057, Docks Poseidon. C’est une boucle. Le nouveau pokémon, le coaching de sa famille, le chemin jusqu’aux arènes. La seule différence, il ne doit pas intervenir et doit écouter les ordres ; alors il ne bouge pas quand la mêlée survient et qu’elle submerge son pokémon, il ne bouge pas non plus quand l’attaque mal lancée d’un autre lui fonce dessus. Ça devait arriver, c’est tout. Mais il n’a pas imaginé le regard horrifié de son coéquipier, peu importe les dires de sa famille et soudainement, il doute. C’est la goutte de trop pour eux qui ont tout donné à leurs fils, ils ne veulent plus perdre leur temps avec un ingrat et pour ça, ils font ses valises pour un appartement au boulevard Héra dès qu’il sort de l’hôpital. Il n’a pas à se plaindre, il a une partie de l’argent que lui ont rapporté les classements et les sponsors : il vivra bien, il vivra tranquille. Et pourtant, il a piqué une crise. Hurler, casser, insulter, frapper, il a quitté la maison dans un claquement de porte.
◊ 2060, Boulevard Hera. Les sponsors qui ont refusé de le lâcher après le gain de popularité à son deuxième tatouage le pressent de choisir un nouveau pokémon, mais toutes les virées auprès d’un distributeur font remonter les doutes. Il fixe, piétine, rebrousse chemin jusqu’aux quartiers les plus reculés. C’est là-bas qu’il l’entend pour la première fois : Mika. Dans cette voix rauque, cette façon de traîner le i ? C’est lui, pas la fausse image dans les médias. Ça le fait revenir vers sa carrière, mais le regain de confiance se transforme en regret dès que le marisson sort du distributeur. Mika n’arrive pas à lui donner de nom, ni une tape sur la tête, mais ça n’a pas l’air de refroidir la petite bête. Au contraire.
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