résumé:

Vous avez très certainement déjà entendu parler de ma mère. Lupita Gomèz. C'est cette chanteuse de bar qui a soudainement connu un pic de popularité il y a un peu plus de dix ans et qui s'est installée sur la scène de la musique. "Stay by me", "Libertad mi amiga", "Starsky", "Niño medio", tout ça passe encore à la radio. Elle continue toujours de sortir de nouveaux clips. C'est en écoutant ses chansons que j'ai connu sa voix, en lisant des articles que j'ai connu son visage. Pas une seule fois n'est-elle passée nous voir, popa et moi. Nous n'existons pas à ses yeux. Elle aurait pu venir nous tirer de ce quartier et de sa misère après que sa carrière se soit installée avec brio, mais à croire qu'elle n'avait pas envie de s'encombrer d'un homme et d'une gosse. Nous avons fait sans. Personnellement, après des années d'enfance à espérer la voir arriver avec un sourire chaleureux et des bras accueillants, j'ai décidé que puisque je n'avais aucune importance à ses yeux, elle n'en aurait aucune aux miens non plus.
Malheureusement, ce n'est jamais aussi simple que ça.

Officiellement, je suis l'enfant de Bartosz Majewski - popa. C'est ainsi que je grandis. C'est mon identité. Les médias ne sont pas au courant de la descendance de Lupita - officiellement, je n'existe pas. Je suis né dans la misère d'Hadès et j'y ai grandi. Nous n'étions pas les plus mal lotis au départ, à vrai dire. Popa avait sa petite librairie. Elle n'était pas bien grande mais tournait bien, et à mes yeux, c'était comme un château pour moi. C'était mon refuge, là où je pouvais laisser mes petites histoires d'enfant vagabonder sans inquiétude. Avant d'aller à l'école et d'apprendre à lire, je plongeais dans les vieux livres d'images qui traînaient sur les étagères les plus basses. C'était l'époque où popa ne voulait pas que je sorte sans qu'il ne soit là, alors je restais dans la librairie avec lui jusqu'à ce qu'elle ferme. Je restais silencieux et faisais attention à ne pas déranger les clients, bien calfeutrée dans mon petit coin. Je me souviens très clairement de ma petite peluche d'ours très abîmée et à l'un des yeux dégondé - je ne m'en séparais jamais, la gardant toujours bien calée sous mon bras. J'ai grandi avec la présence rassurante de mon père dans mon dos, mais malgré cela la dureté de l'extérieur me marqua très tôt.

Cela commença par mon entrée à l'école. Pigno - ma peluche - fit les frais de mes premiers temps dans la cour de récré. Un garçon plus vieux de mon quartier me le prit et pour le récupérer, je tirai sur sa vieille patte, très fort. Elle céda. C'est tout ce que je pus récupérer de mon nounours. Il s'amusa à lui arracher la tête et à la vider de son coton, très lentement. Il semblait presque fasciné de la matière qu'il déversait au sol sans pitié, sans jamais me lâcher du regard. Je pleurai.
J'en restai inconsolable pendant des jours. Cette peluche jouait le même rôle que popa quand il était avec moi, elle veillait sur moi et me rassurait. C'était mon maigre sentiment de sécurité - surtout en environnement étranger - que ce garçon avait impitoyablement réduit en miettes devant mes yeux.

Et comme un instinct, je compris qu'il s'en était pris à moi pour une raison.

J'étais plus jeune que lui. Plus faible. Inoffensif, en somme.
Il me fallut quelques temps pour assimiler que ce serait en devenant aussi méchant que lui qu'on s'en prendrait moins à moi. Quand je sentais qu'un autre enfant était susceptible de me faire du mal, je frappais avant que ça n'arrive. Pas littéralement, ceci dit. J'ai toujours été un poids plume. Mais je fis rapidement partie des pires pestes de la classe. L'école m'apprit à construire un visage menaçant que je pus utiliser dans mon temps libre, quand j'étais dans les rues. Je passai beaucoup moins de temps dans la librairie et plus avec les enfants de mon âge. Je sentais que je devais me créer une identité de groupe pour ne pas me faire bouffer. Popa ne me laissait jamais m'éloigner trop loin de la librairie ceci dit. Il gardait toujours un œil sur moi à travers la vitre. Cela n'empêchait pas mes premiers contacts avec les autres enfants d'être aussi bruts qu'intenses. Au fil des mois, je m'éloignais petit à petit de la librairie, m'aventurant toujours plus loin avec les autres enfants. Ils m'apprirent à voler sur les étalages et dans les petits commerces.

Popa l'apprit. Je me fis prendre par le marchand de fruits.
J'étais pas bien. Le marchand me traîna en me tirant par l'oreille jusqu'à la librairie pour faire face à popa. J'avais dans les sept ans. Je m'en souviens encore très nettement. La pâleur de popa quand il avait compris que j'avais fait une bêtise pendant les quelques minutes où il avait été distrait par une petite vague de clients. Mon oreille tordue qui m'envoyait des signaux horriblement douloureux, férocement pincée par les deux doigts crochus du dodu. La sensation de perte d'équilibre quand il me poussa vers l'avant, libérant enfin mon oreille. Le regard de popa, celui de quand il redoutait des ennuis. Je n'allais pas tarder à connaître sa colère - froide colère.

Le marchand dit qu'il n'avait pas appelé la police parce qu'il nous connaissait et que j'avais fait ça sous la mauvaise influence de la racaille avec qui j'étais, mais que c'était la dernière fois qu'il me prenait à faire ce genre d'activités. Popa était vraiment désolé, je pense qu'il ne s'attendait pas à ça de moi. La honte me bouffait mais je prenais un air revêche en prévision des réprimandes. Popa ne m'avait jamais vu faire mon air de dure, mais il savait lire mieux que quiconque dans mes yeux. Je ne me sentais pas fier de m'être fait prendre. En jetant un coup d'œil discret vers l'arrière je vis un des enfants de notre bande surveiller la scène. Les autres ne devaient pas être loin. Le temps que je le repose sur popa, le marchand se dirigeait déjà vers la sortie de son pas enragé - l'enfant s'esquiva avant qu'il ne l'aperçoive.

"Bull."

Je n'ai jamais autant redouté qu'on prononce mon nom qu'à ce moment-là. Popa me jaugeait de toute sa taille. Je rentrai le menton. Il soupira comme si un poids lui pesait sur la poitrine. Il quitta le comptoir puis retourna le panneau sur la porte pour le mettre en "Closed" avant de revenir vers moi. Le temps me sembla passer aussi lentement que si ça avait été celui d'un condamné à mort. Il s'accroupit à mon niveau. Il m'observa un long moment. Quelque chose de froid scintillait dans ses yeux.
Il prononça ses premiers mots.

"Si tu veux leur prouver ta valeur, ce n'est pas la bonne manière. Tu n'as pas besoin de voler pour leur prouver quoi que ce soit. Si tes camarades volent parce qu'ils ont faim, alors invite-les à la maison et passez-y du temps. Si c'est pour s'amuser, alors c'est à toi de changer leur manière de jouer. Je t'interdis de voler. Tu m'entends ?"

Ses paroles paraissaient calmes. Mais à moi, elles me gelèrent le crâne. Son regard aussi. Cela dura un long moment. Ses silences étaient pires que tout.
Popa souffla par les narines et se redressa lentement.

"On rentre."

C'était bien plus tôt que l'heure de fermeture habituelle. Je ne mouftai rien.
En rentrant, popa m'installa à la table à manger et nous mîmes en place un contrat - à mon grand étonnement. Il y avait deux colonnes dans ce contrat : ce que popa attendait de moi et ce que j'attendais de lui. Quand nous finîmes de l'écrire, lui de son écriture ferme et la mienne un peu branlante, nous signâmes en bas de la feuille de papier et l'affichâmes sur notre vieux frigo.
Popa m'a toujours traitée en adulte dès lors. Ou en tout cas, en enfant qui connaît le mot "responsabilités" ainsi que sa signification. Il m'a appris très jeune à assumer mes actes et à essayer de voir quelles conséquences ils pouvaient avoir. Mes petites expériences et ce revers mental qu'il m'avait occasionné m'ont fait prendre conscience que je ne voulais pas d'ennuis.




Je continuai de traîner avec la bande de "racailles" comme l'avait appelée le marchand. Mais ils prirent de la distance comme je ne voulais pas participer à toutes les activités qu'ils voulaient. J'avais petit à petit appris à dire "non" fermement. Puis l'un des garçons du petit groupe le rameuta vers moi et nous redevînmes potes. Je pense qu'il avait le béguin sur moi à l'époque. Je les invitai à la maison comme popa me l'avait dit et ils firent ainsi mieux connaissance.
Au fur et à mesure que je grandissais, à partir du moment que je respectais notre contrat, j'avais le droit d'être dans les rues tant que je ne m'éloignais pas trop de notre coin, que je restais toujours avec le groupe et que nous ne nous faisions pas trop remarquer. Je n'aurais voulu décevoir popa une nouvelle fois sous aucun prétexte.

À l'anniversaire de mes treize ans, popa me fit un cadeau un peu spécial. Nous n'avions pas beaucoup de moyens, alors souvent ce genre de fêtes se constituaient d'un repas particulièrement copieux et d'une sortie quelque part à Olympus - tant que c'était gratuit. Lors de la sortie, il m'emmena devant un PokéGacha. Ce jour-là, je fis la connaissance de Lilo, qui devint rapidement mon meilleur ami et allié. Complètement chtarbé ce Riolu. Il m'attira très tôt des ennuis à force de les chercher à la moindre occasion. Il me sort sans cesse de ma zone de confort. Je n'arrive pas à lui en vouloir ; il m'est un soutien précieux.

À quinze ans, notre situation se dégrada considérablement.

J'appris que popa était criblé de dettes.
Pour acheter sa librairie il y a plusieurs années de ça, il avait fait un emprunt. Sauf que ses recettes de l'époque étaient largement insuffisantes pour rembourser. Alors il avait fait appel à d'autres créanciers pour ne pas que sa librairie soit saisie. Pas des sommes monstrueuses, mais réparties ci et là elles étaient plus faciles à gérer lui avait-il semblé. Il ne savait pas que c'était le premier pas dans une spirale infernale.
Un ami mafieux l'aida à assurer le coup le temps que son affaire se stabilise, tassant les vautours. Cela coïncide à quand ma génitrice s'est débarrassée de moi. Petit à petit, il put les rembourser un à un avec ses peu de moyens. Mais pas tous.

Un supérieur à son ami apprit sa condition par hasard. Il s'avérait que l'emplacement de la librairie l'intéressait beaucoup pour installer l'un de ses trafics. Il lui proposa d'effacer ses dettes s'il lui léguait les locaux tels qu'ils étaient. Popa refusa d'être impliqué dans de l'illégal de quelque manière qu'il soit. Il fit pression sur popa, par à-coups. Il lui proposa d'ajouter une somme en plus de l'annulation des dettes. Popa refusa. Son ami lui parla. Il semblait vraiment mal en allant le voir. Il lui a dit qu'il n'avait plus d'influence sur ses créanciers restants et qu'ils n'allaient pas tarder à lui tomber dessus. Ce qu'ils firent. Ces visages qu'il abhorrait vinrent cogner à la porte de sa librairie le lendemain. Ils lui donnaient jusqu'à la fin de la semaine pour tout rembourser. Sinon, ils saisiraient son enseigne. Une semaine de plus et ce serait ses biens mobiliers.

Bien sûr, popa n'aurait jamais pu assembler une telle somme en si peu de temps.
Il contacta Lupita. C'était son dernier recours ; il s'était débrouillé jusque-là pour s'occuper de moi, mais si on lui prenait son affaire, il n'aurait même plus de quoi payer le loyer et nous nous ferions éjecter tôt ou tard. Il avait complètement été pris de court par cette cascade d'évènements. Il était vraiment désespéré. Il lui dit dans sa lettre de venir le rencontrer deux jours avant la deadline à propos d'un sujet urgent, au bar dans lequel ils s'étaient rencontrés la première fois. Entre temps il essaya de cuisiner son ami pour savoir s'il existait un moyen de surpasser l'influence de son supérieur.

Elle ne lui répondit jamais.
Ce soir-là, au bar, il se retrouva seul face à la fatalité qui le frappait de plein fouet. Il allait tout perdre, comme ça, du jour au lendemain. Et il ne me le dit pas, mais il ne savait pas comment il allait pouvoir m'assurer une vie à peu près tranquille comme avant. Il prendrait un nouveau boulot, n'importe quoi qui lui permette d'avoir des rentrées d'argent, mais le sort lui préparait un autre mauvais coup dans sa manche.

Il alla voir le mafieux. En échange de sa librairie, celui-ci effaça ses dettes comme convenu.
Mais il n'avait jamais été question des intérêts.

Ce jour-là, quand je rentrai des cours, popa était assis et regardait dans le vide, comme hébété. Le téléviseur et quelques meubles avaient disparu de notre minuscule appartement. Je ne comprenais pas ce qui avait bien pu se passer. Popa sembla se ressaisir un peu et me dit de prendre une chaise et de me mettre en face de lui. C'est là qu'il me raconta toute l'histoire, les dettes, le mafieux, les créanciers. Ceux-ci étaient passés plus tôt comme une tornade. Ils demandaient l'argent des intérêts ou alors ils prendraient sur-le-champ le mobilier. Le Feuforêve de popa avait eu le réflexe de se cacher, sinon ils auraient été capables de le lui prendre pour le revendre sur le marché noir. Ils avaient dit qu'ils repasseraient pour prendre le reste de la somme - nous n'avions pas beaucoup de mobilier à l'origine et rien de grande valeur.

La pâleur de son visage contagia le mien. Je ne savais pas quoi dire.

Peu de temps après cette discussion, un de mes amis proches m'emmena voir un de ces combats illégaux qui se passent dans les clubs, pour me changer les idées après que je lui ai parlé de ma situation. Là où il voyait un évènement excitant, je vis quelque chose qui me donna des idées.

Et si...?

Mon cœur battit plus fort, comme lorsqu'on entrouvre la porte sur un lieu tout à fait inconnu.

Ces combats... Ça pourrait être la solution à nos problèmes. Si je gagne beaucoup de combats, je gagnerai beaucoup d'argent. Avec cet argent, je nous débarrasserais des créanciers et nous permettrais de vivre convenablement. Popa n'aurait plus besoin de s'inquiéter que son nouveau boulot ne suffise plus, on serait deux à payer.
Je pris une journée pour réfléchir. J'en parlai avec Lilo. Celui-ci était partant. Le soir, je retournai à ce club et mis à profit la soirée pour analyser le déroulement des combats. J'avais besoin d'un temps d'observation pour ne pas faire des erreurs.
Le cœur tonnant, je m'inscris pour les matchs du lendemain.
J'étais flippée. Mais il fallait que je le fasse.

Eeeeet c'est une nouvelle défaite pour le jeune Bull ! Il a beau les enchaîner, il revient toujours à l'assaut celui-là !

Les rires éclosent de partout dans la salle.
Bull remit Lilo dans sa Poké Ball et s'enfonça dans la foule pour disparaître une fois de plus.
El soigna Lilo une fois au calme.
El murmura.

"La prochaine fois, on gagne."

Lilo bouillait, ça se voyait dans son regard grenat. C'était la troisième fois que le Rhinoféros de ce type lui mettait la pâtée. Il hocha de la tête.
Bartosz n'était pas au courant que Bull participait désormais à ces combats illégaux.
El était considéré comme du menu fretin dans ce petit club minable. Mais ça changerait. El apprenait vite. Seuls les yeux les plus attentifs se rendraient compte que ses ordres se faisaient plus calibrés et que son usage du terrain s'était amélioré. Bientôt ce serait à son tour de défoncer les autres, et à commencer par ce type et son insupportable Rhinoféros. Il était plutôt spécialisé dans des pokémons roche et normal, donc en soi avec Lilo ils avaient l'avantage.

Et en effet, quelques jours plus tard, Bull eut sa première victoire.
Et sa première paie.

Personne n'y croyait. C'était devenu un running-gag, ce gamin qui se ramenait tous les soirs pour se prendre sa raclée quotidienne. Bull considère pour sa part que sa victoire et celles qui suivirent ne sont dues qu'à son équipe qui s'est endurcie.
El revint le lendemain soir. Nouvelle victoire. Le soir d'après, el faillit perdre mais vainquit malgré tout. El séparait l'argent gagné en deux : pour former une équipe facilement adaptable et pour son père. Les gens ne rigolaient plus quand ce poids plume se ramenait avec ses vêtements encrassés et son regard mauvais.

Le jour, el allait en cours. C'était dur de garder le rythme entre ses deux vies mais en même temps, el trouvait quelque chose de presque addictif dans ces combats. C'était comme des shots d'émotions, mais des émotions qui ne la ravageaient pas comme d'ordinaire. Il y avait la rage et le dégoût de la défaite mais aussi l'euphorie et le soulagement de la victoire. Les séparations étaient nettes entre toutes ces émotions entremêlées, c'était bien plus facile à gérer ; surtout qu'elles se dirigeaient toutes vers un seul sujet : le combat.

Ce manège continua jusqu'à ce qu'el amasse une belle somme qu'el déposa un soir sur la table du mini-salon dégarni, devant son père. El lui raconta tout, mais avec l'air de quelqu'un qui ne se laissera pas stopper. Le mettre au courant était juste une formalité. Il ne l'empêcherait pas de l'aider, surtout pas maintenant qu'el commençait à avoir la main.

"On va s'en sortir. Ensemble."

El ne l'abandonnerait pas comme sa mère les avait abandonnés el et lui.
Pour la première fois de sa vie, Bull vit son père pleurer.




Quand il s'en fut remis, il s'essuya le visage avec le mouchoir que lui tendait son enfant.

"Je suis désolé que tu aies grandi aussi vite."

Il avait le regard de quelqu'un qui se sentait minable. C'était douloureux pour lui que sa fille se sente obligée de lui venir en aide de la sorte. Mais il ressentait aussi de la fierté qu'el ait gagné cette somme à son âge... De l'inquiétude aussi.
Il se prit quelques instants pour stabiliser sa respiration, regardant le sol. Il releva les yeux sur Bull. Il parla doucement.

"Promets-moi que tu arrêteras quand tout sera terminé. Fais dans la légalité."

Ces mots semblaient lui faire mal. Cette situation lui faisait mal. Il ne veut pas que sa fille s'attire des ennuis. Ils sont vraiment dans une impasse là. Il a beau enchaîner les petits boulots, ça ne suffit pas. Il n'était pas dans une posture de refuser son soutien. C'était terrible... C'était lui qui était censé la soutenir, pas l'inverse. Dans quel monde vivaient-ils ?

C'était douloureux.

Il tendit sa main pour effleurer la joue de sa progéniture.

"Si tu es destinée à briller, fais-le au grand jour."

Dans son regard de père, cela se lisait que Bull était destinée à toutes les choses les plus belles qu'il lui souhaitait. Il ne voulait pas qu'el se ruine dans le cas où le club serait saisi par les forces de l'ordre. On ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver.

Bull était mitigé. El fit la moue.

"Promets-le moi." , répéta-t-il en la regardant fixement.

Bartosz était sérieux.
Bull s'exprima après un temps très hésitant. El se résigna.

"D'accord. Promis."

El faisait tout ça pour son père après tout. Déjà qu'ils règlent pour de bon ce qu'ils doivent aux autres connards, ensuite el aviserait.


Bull se mit à s'intéresser au fonctionnement politique d'Atlas, à celui d'Odyssey ainsi que des Arènes. N'ayant momentanément plus de télévision, el se tapa souvent l'incruste chez quelques amis pour analyser les matchs et se mit à lire les journaux - el avait toujours sa radio portative quoi qu'il arrivait. El devait être prête mentalement quand el aurait dix-huit ans afin d'y participer. Passer de l'underground à l'overground nécessitait quelques préparations. Cela faisait quelques mois déjà qu'ils s'étaient débarrassés des créanciers mais el n'avait pas arrêté les matchs clandestins pour autant. Ce n'est pas une rompure de promesse : el continue uniquement pour s'entraîner et mettre quelques sous de côté afin de se lancer. Quand el serait dresseur, el arrêterait le reste comme promis. El n'était qu'un de ces gosses des quartiers pauvres mais ça ne voulait pas dire qu'el devait se confronter à ces épreuves sans s'armer convenablement.

El vise de gagner autant voire plus que ce qu'el gagne dans les clubs. Mais el n'ouvre pas trop la gueule sur tous ses projets. La mer a vite fait d'avaler le poisson qui se croit chanter. El ne reste qu'une gamin qui souhaite se frotter à sa chance.