- Non mais Jeanine de la compta elle abuse trooooop ! Souffle Damien pendant qu'ils déambulent dans les couloirs du Sablier. Dehors, il fait déjà nuit. Mais les dresseurs avaient été chargés du classement de la paperasse, accumulée par des mois de flemme. Sans doute qu'on les a oubliés là et qu'ils devraient développer l'instinct de survie en milieu hostile, entre deux casiers et la machine à café (que Damien avait cassée). Moi j'ai juste pris une feuille de l'imprimante pour exprimer mon talent, tu vois ? Mais elle a pas pu s'empêcher d'être une rabat joie !

Sûr à 100% que Jeanine fait parti de ces personnes qui, pendant les réunions, ne peuvent s'empêcher de rabaisser les stagiaires. Ca se voit dans ses yeux plissés par la vieillesse qu'elle hait les jeunes. Damien sait aussi qu'elle est née avec ces mêmes plis sur la tronche. Quoi qu'il en soit, sa présence est bien moins oppressante que celle de Baphomet. D'ailleurs, où ce con avait-il bien pu se coincer ? Le diablotin ne l'a pas vu de la journée ! Peut-être qu'il a décidé de retourner en enfer ?

- J'suis sûr qu'elle va comploter pour qu'on perde le Charity Rumble ! Rajoute t-il. Tu vas prendre quel pokemon, toi ? Moi j'prends ACABot !

Le chiot, jusqu'ici silencieux, se contente de grogner sur son dresseur avant de reprendre son exploration du couloir.

Il pousse un soupir faisant s'envoler la première feuille de sa pile, Mika. Rattrapée par Marisson qui les empêche depuis le début de la soirée de semer un chemin de papiers derrière eux, il se penche pour laisser son pokemon la remettre à sa place. Ça la vénère de se faire chier tous les jours derrière son bureau. Qu'il répond aux lamentations de Damien. Donc elle emmerde les dresseurs. Il se redresse, étire un petit sourire quand le diablotin lui partage ses doutes ; Jeanine, elle a trop peur du patron pour s'en prendre à ses poulains.

Mais qui n'en a pas peur ?
Mika se contente d'un « er » pour toute réponse. Tic qu'il essaye de faire passer, mais c'est difficile quand il voit la personne dont il le tire de plus en plus souvent... Jetant un coup d'oeil au chiot qui grogne contre son dresseur, il tourne la tête vers Damien. Marisson. C'est mon s... Mais il ne finira pas sa phrase. Ah! C'est là. Il contourne le diablotin pour s'engouffrer dans une petite salle où des classeurs de toutes tailles et toutes couleurs recouvrent les tables.

Bon, on fait ça puis on rentr-E! Sss! Il a posé sa pile sur l'une des chaises sans faire attention et son doigt a glissé contre le bord d'une feuille, lui tranchant la peau assez mauvaisement pour l'en faire siffler alors qu'une première goutte de sang glisse depuis l'intérieur de son majeur. Mais quelle connasse! On ne sait pas si c'est la feuille ou Jeanine qu'il insulte ; dans tous les cas, il prend la première pour être victime de son agacement puisque tâchée, il n'hésite pas à la froisser dans son autre main avant d'envoyer la boule de papier dans le couloir.

Damien? T'aurais un mouchoir ou un truc comme ça? Qu'il lui demande d'une voix désolée.

Il hoche la tête, validant ses paroles. A coup sûr, Jeannine est une entité millénaire dont l’âme vengeresse est rattachée aux couloirs du Sablier, hantant les employés depuis des siècles. Sursautant au cri de Mika, Damien jette son paquet de feuilles et fourre une main dans sa poche pour en sortir un vieux chiffon aux râlants d’essence.

- Tiens ! J’suis sûr que c’est elle qu’a provoqué ça ! Depuis la séance de Ouija avec monsieur Mortimer, l’esprit du jeune homme c’était -encore plus- ouvert à ce genre de choses. Il est persuadé que l’âme errante de la comptable chercherait à s’infiltrer par la plaie de Mika ! S’tu veux j’peux cautériser la blessure ! Comme dans le Ramboum 3 ! Ajoute t-il en sortant son briquet.

Derrière eux, rocabot couine avant de fuir la queue entre les pattes. Son dresseur lance une œillade confuse à Mika. Il est à deux doigts de mettre ça sur le dos de Jeannine quand un bruit horrible de bronches encombrées se fait entendre.

Non, ce n’est pas un vieux porte-manteau dégueulasse dans ce coin sombre ! Juste Baphomet tourné vers un mur, immobile, attiré par l’odeur du sang (ou simplement réveillé par le bordel qu’ils font).

Fixant le chiffon dont les tâches noires ne lui inspirent qu'un futur séjour à l'hôpital, Mika le récupère du bout des doigts et pince ses lèvres dans un sourire se voulant reconnaissant pour Damien. Merci... Qu'il marmonne presque tandis qu'il cherche le coin le plus propre du chiffon, le pressant contre sa plaie lorsque le diablotin lui propose de cautériser la...

Cautériser !?
Il tourne des yeux écarquillés vers le briquet en même temps qu'il éloigne sa main de l'autre côté. N-Non non! C'est rien, c'est qu'une petite c- La soudaine fuite du rocabot le coupant dans ses excuses, il échange un regard avec son dresseur. Ni l'un ni l'autre n'ont le temps de se questionner dessus qu'une respiration dans leur dos les figent sur place. C'est immonde, il se fait violence pour garder son calme et tourner lentement les yeux vers la direction du bruit.

C'est un cauchemar.
Mika devient livide quand la silhouette rentre dans son champ visuel. C'est l'arrivée de Marisson qui le tire de son inertie, celui-ci patinant devant la salle tant il a foncé comme un bolide jusqu'aux dresseurs. Avec son portable, il lance discrètement un appel avec Mortimer et Austin, mais il n'a pas le temps de voir s'ils décrochent que la bogue s'approche de l'homme, la queue droite et les épines hérissées. Marisson! Qu'il gronde entre ses dents serrées.

Mais quel con!
Il veut que ça se retourne vers eux !?

Attrapant le poignet de Damien et gardant le portable vers sa bouche de son autre main, il se dirige silencieusement vers le couloir. Faut prévenir qu'il y a une intrusion à Ody- Putain mais Marisson! Comme si le pokemon n'avait jamais vu de true crime, il essaye de voir l'inconnu après lui avoir renifler le pantalon, sautant sur une table et baissant la tête pour regarder sous le rideau de cheveux.

Et pendant qu'il pianote sur son clavier, Damien observe. Baphomet reste parfaitement immobile malgré les murmures frénétiques qui s’en échappent, signifiant la tension montante entre les deux pokemons. Le visage crispé d'appréhension, son dresseur s’approche de l’oreille de son homologue :
 
- A trois, on cou…


- ...Ok. TROIS !!! Il fuit dans les couloirs, tirant Mika par le col, sonorisant le Sablier avec un hurlement de fillette. Il a pété un câble Baphomet !? Marisson lui a insulté sa mère ?! Lançant un regard curieux derrière son épaule, il aperçoit l'affreux sur leurs talons ! Ça lui donne la force de gueuler encore plus fort !

- FAIS QUELQU'CHOSE MIKAAAA !!!

Parce que bon, ça a beau être son Métamorph, c'est Marisson qui a l'a mit dans cet état !

Le hurlement de l'inconnu lui résonne dans le crâne, il s'en met à hurler aussi. La seule chose qui l'empêche de s'enfuir comme Damien le lui avait glissé à l'oreille, c'est Marisson qu'il voit reculer dans une pile de leur paperasse, sous le choc de la réaction. Sauf qu'il n'a pas le temps de faire un pas vers lui que le diablotin attrape son col et le tire dans le couloir, l'étranglant sur le coup et le forçant à tourner sur lui-même pour éviter de finir par terre.

Heureusement.
Parce que ça les prend en chasse.

Damien doit l'entendre aussi, puisqu'il jette un regard derrière eux, lui hurle de faire quelque chose et il fait quelque chose, Mika, il pince sa main pour qu'il lâche son col. TU M'ETRANGLES!! Qu'il lui gueule après. Au même moment, Marisson se jette à la poursuite de l'inconnu dans un cri strident, faisant voler de la paperasse jusqu'au milieu du couloir.

L'équipe d'entretien doit sérieusement ralentir sur la cire parce qu'il patine encore, même son dresseur galère dans le premier virage ; la gomme de ses chaussures couine dans la glissade, il rentre presque dans le diablotin. Des secondes perdues lui faisant pressentir que c'est trop tard, qu'il n'a plus de choix que sortir le taser de la poche de son pantalon et faire volte face vers l'homme pour lui enfoncer dans le ventre.

Un bzzz.
Un autre.
Puis, un autre.

Mika voit que ça ne lui fait rien, qu'on dirait même que ça lui plaît et ça lui donne la nausée, surtout quand il se tient aussi près. Fermant les yeux et serrant le portable dans son autre main, il se prépare à tout.

Mais il n'y a pas d'immonde respiration sur son visage, pas de mains perverses sur le reste, pas même de coup de schlass ou coup tout simple ; il se risque à rouvrir un oeil, Mika, découvrant les lianes qui enserrent l'homme pour le traîner vers leur origine, Marisson dont les cris sont de plus en plus énervés. En plus d'insulter la mère (inexistante) de Baphomet, il s'en prend à ses ancêtres (pas plus existants) aussi.

Non mais quel weirdo!
Il veut traumatiser son dresseur ou quoi !?

Damien quant à lui échoue lamentablement l’épreuve de patinage, s’encastrant dans le local poubelle en hurlant. Malheureusement pour les oreilles et l’esprit de Mika, ce n’est pas suffisant pour couvrir les grognements (ou plutôt les gémissements) très suspects de Baphomet, qui se transforment en cris de rage lorsqu’il se voit trainé sur le sol. Répondant aux invectives de Marisson, il enfonce ses doigts dans le parquet, creusant des sillons sur son passage.

C’est qu’il ne pourrait pas venger l’honneur de sa non-mère avec les bras liés ! Alors de son manteau émerge un répliquât de l’attaque ennemie. Sauf que ses lianes à lui sont faites de chair, de veines, de dents…un délice organique qui file droit vers la Bogue qui assène la mama joke de trop !

Se languissant déjà de son -l’espérait-il- futur repas, il tord son cou dans un brusque et bruyant 360°, passant son affreuse langue sur ce qui, derrière ses cheveux gras, semble être un bec de lièvre.

Marisson abandonne le ligotage quand les lianes de Baphomet lui foncent dessus, il rétracte les siennes dans son dos tandis qu'il fait un bond pour éviter la première attaque, se roulant en boule dans les airs et hérissant une multitude d'épines sur toute sa carapace. Mika ne prend qu'un instant pour réaliser la capacité que son pokemon va utiliser, mais c'est un instant de trop.

Une nuée d'aiguillons fusent à travers le couloir, sifflant dans toutes les directions, épinglant les lianes autour de la bogue au sol, aux murs, aux vitres. Des fenêtres éclatent, des lumières tombent du plafond et une fumée s'échappe des trous dans les murs, plongeant le couloir dans une atmosphère des plus sinistres. Le local n'a pas été épargné par les dards, quelques uns ayant traversé le mur qui sépare les poubelles du couloir.

S'étant jeté dedans à la dernière seconde, Mika reste immobile dans les sacs. On pourrait croire qu'il fait le mort, qu'il est mort parce qu'il retient sa respiration et qu'il ne s'en rend pas compte, sous le choc. Mais il reprend vie lorsque quelque chose se met à bouger sous lui, sursautant de peur alors qu'il se retourne vers... Damien ? Qu'il murmure. Non- Chut. La présence du diablotin le rassure, mais pas assez pour laisser passer le moindre bruit.

Quoi, il l'écrase ?
C'est toujours mieux que mourir aux tentacules de...

La chose. Mika écarquille les yeux quand il entend quelque chose dans le couloir, comme des cordes qui se tendent. Il ne sait pas que c'est Marisson qui profite de la fumée pour lancer un nouvel assaut, se propulsant le plus violemment possible avec des lianes accrochées dans les impacts des murs, chargeant son adversaire comme un bélier enragé.

Ils sont où, déjà ?

Le Diablotin se couvre la tête quand il entend les impacts, les oreilles quand les hurlements furieux du Métamorph résonnent dans tout l’étage puis les yeux quand il voit Mika lui bondir dessus tel un catcheur portant le coup de grâce…Mais à ce stade, se faire emplâtrer est un moindre mal.

- Mika ! Qu’il répond à haute voix avant de se faire disputer, puis de reprendre à voix basse : J’suis en train d’filmer. Ca va faire le méga buzz !

Il ne remarque l’agitation que lorsque le changelin grogne de douleur, lui permettant de le localiser brièvement derrière le rideau de poussière. Baphomet ne prend même pas la peine de retirer les épines qui le clouent aux murs comme un insecte, préférant forcer sur ces dernières quitte à déchirer ses chairs -qui se reforment grossièrement-. Damien retient son souffle, serrant le bras de Mika quand les chuchotements émanent à nouveau, bien plus féroces et sinistres qu’auparavant. Et la suite s'enchaine trop vite : Marisson se lance, ce qu'il reste des lianes de chair saisissent un distributeur de boisson qu’elles tirent devant leur source comme un bouclier.

Incapable de voir distinctement ce que font leurs Pokemons, Damien panique quand il entend la machine trainée au sol.

- Qu'est ce qu'on fait ?! Ils vont s'butter si on intervient pas !  

Il n'a jamais vu un de "ses" pokemon attaquer, répliquer ou même tenir tête à qui que soit avec une telle rage ! De toute son aventure de dresseur, il n'a connu que les abandons et autres fugues d'ACABot. Le voilà aujourd'hui face à une situation qui lui semblait hors de contrôle. De quoi anesthésier son orgueil...

La charge fait exploser la vitre du distributeur, quelques canettes s'embrochant sur les épines de Marisson qui secoue la tête pour s'en débarrasser aussitôt. Dans un grondement, il se tourne vers les tentacules entourant la machine, mordant la plus proche de lui.

Mika lance un regard à Damien. Et ils vont nous buter si on fait quelque chose! Il sait que c'est dangereux, il a déjà frôlé la mort pour la même raison. Deux fois. Serrant les dents pour contenir des émotions remontant à la surface, il se redresse sur un coude et jette un regard vers le couloir enfumé où il peut entendre les bruits de lutte, sentant une montée d'adrénaline à l'idée que son pokemon devienne mal en point, même pire. Comment tu veux les calmer !? Ils sont... Il se coupe dans sa phrase, reste silencieux lors d'un instant où il passe par divers sentiments : le dégoût, l'hésitation, le refus quand finalement. Damien, ton briquet ? Il attend que le diablotin sorte la petite pièce pour lui poser une main sur l'épaule. Crame des trucs. Ce que tu veux, mais faut déclencher le système incendie!

Il se redresse dans les poubelles et tire gentiment Damien par son bras pour l'aider à faire de même, le relâchant avant de sortir du local. Marisson! Les sprinkleurs! Tire le!

Se détournant momentanément à la voix de son dresseur, le pokemon prend une expression confuse, mais il ne discute pas. Une fois encore, il sort des lianes et les déroule jusqu'à son adversaire, plus nombreuses et plus épaisses pour essayer de parer les siennes en même temps. Il ne connait pas la suite, mais il peut sentir que ça ne va pas lui plaire...

Et il a raison, Marisson.
Electrise le avec les flaques! Les yeux de la bogue s'écarquillent sur le coup, des secondes de silence passent avant qu'une série de protestations ne répondent au dresseur. Malgré qu'il ne parle pas la même langue, Mika peut sentir que ses mots sont particulièrement crus. Heh, c'est toi qui l'a énervé! Et non, vous allez tout détruire si vous continuez donc j'veux rien savoir!! La bogue tape du pied, à la fois embarrassée par l'ordre et frustrée par l'interruption, mais elle ne tient pas à désobéir à son dresseur.

Mais elle se vengera.
Plus tard.

- Ok !

Damien ne s’était pas fait prié. Après tout, foutre le feu est ce qu’il sait faire de mieux ! Il avait choisi d’incendier le ficus de Jeannine comme par pur hasard.

Pendant qu’il s’affaire Baphomet rugit quand il se sent à nouveau ligoté. Copiant l’attaque qu’il vient de recevoir, il mord tout ce qui passe à sa portée. Même le distributeur dont il arrache des morceaux, y laissant des grosses marques de dents laissant supposer qu’il en possède plusieurs rangées.

HRRR ?

Il se tourne vers Mika en même temps que la bogue. Manifestement, il comprend ce qu’il compte faire. Parce qu’il se détend légèrement. L’alarme incendie se d’éclanche, Marisson obéit et…Baphomet accepte son destin sans plus de protestation. L’attaque grille les ampoules, fait exploser les prises électriques et finalement, c’est l’immeuble entier qui se retrouve plongé dans le noir. Une obscurité presque apaisante puisque même le crissement de l’alarme semble plus reposant que le brouhaha des deux monstres.

- Heuuu Mika ? Marisson ? V’z’êtes où ?   Fait la petite voix de Damien. Dans la faible lueur rougeâtre des éclairages d’urgence, il les cherche, finissant par leur braquer le flash de son téléphone sur la gueule.  

Il reste immobile dans le noir, Mika. Il regarde les étincelles que les prises crachent jusqu'aux flaques d'eau dans le couloir, glisse prudemment un pied jusqu'au sol et entend le verre des ampoules craqueler sous sa chaussure, c'est presque étouffé par l'alarme du bâtiment. Il ressent le besoin de courir vers la sortie, de s'échapper du vacarme, mais il ne fait rien que serrer les poings. Damien, Marisson. Il doit les retrouver avant que ça ne les retrouve.

Mika descend des casiers de rangement où il s'était réfugié pour éviter de se faire électrocuter, s'avançant dans le couloir quand des clapotis se mettent à résonner devant lui. Il plisse les yeux pour distinguer la silhouette sous l'éclairage d'urgence, reconnaissant son pokemon aussitôt que les derniers éclairs quittent ses poings. Le pauvre, il essaye de ne pas marcher sur les bouts de verre, sautillant d'un pied à l'autre, jusqu'à entendre le murmure de son dresseur qui penche son épaule vers lui.

Dans un bond, il grimpe sur celle-ci. Juste à temps pour recevoir une lumière plus qu'aveuglante dans ses yeux habitués à l'obscurité, les cachant derrière ses pattes tandis que Mika détourne la tête, se retient de grogner et presse une paume contre l'appareil pour bloquer le flash. Les escaliers. Qu'il murmure à Damien, lui montre le panneau d'évacuation brillant faiblement au dessus des portes et l'attrape par le poignet pour l'entraîner vers la sortie.

Il a l'impression d'oublier quelque chose, Mika.
Mais il ne s'arrête pas tant qu'ils n'ont pas passé les portes, ni descendu le premier palier. La cage d'escalier lui paraît plus glaciale encore, maintenant qu'il est trempé de la tête aux pieds. Il n'arrive pas à tenir la rampe, la sensation du métal sous ses doigts fripés lui donne envie de fondre en larmes - ou c'est qu'il atteint finalement ses limites après cette reconstruction de The Thing ? Le dresseur n'a pas le temps de se poser la question qu'il loupe une marche dans la presque obscurité, lâchant le diablotin pour éviter de l'emporter dans sa chute. Heureusement, ils sont en bas de l'escalier et il ne fait que s'écorcher le genou sur le béton en se rattrapant sur le deuxième palier. Marisson descend de son épaule. Ça va, ça va. Qu'il glisse à son pokemon autant qu'à son binôme.

Son pokemon.
Il en manque un.

Dam ? Acabot, il est où ? Mika tourne la tête vers Damien, quand soudainement, il a l'impression de sentir un écho dans les murs. C'est lui ou les portes de l'étage démoli viennent de se refermer ?

Damien se mord la lèvre quand il voit Mika rater la dernière marche. Lui aussi il a froid et se sent tout cassé depuis que son collègue l'avait emplâtré. Il se frotte vigoureusement les bras dans une tentative se réchauffer, réveillant la douleur au passage.

- Ca v… il est coupé net et fronce les sourcils à la question de son homologue. Hein ? Oh. Bah j’sais p*KLANG* Il lève un regard inquiet vers l’étage avant de reposer ses mirettes sur Mika. Pfff. Ça doit être les portes coupe-feu qui s’ferment. Faut pas avoir peur !

C’est une bonne nouvelle ! L’affreux est définitivement prisonnier des archives. D’ailleurs, il ne l’entendait plus rugir, ni détruire le matériel. Encore mieux ! Rassuré, il commence à déambuler dans les couloirs à la recherche du chiot.

- J'vous ai bien sauvé la vie avec mon feu hein ! Par contre, comment t’as su que poing éclair allait marcher ?  

Il doute de rien Damien.

Il a honte quand Damien cherche à le rassurer, il doit fixer les escaliers comme s'il attendait que Darkrai surgisse de l'obscurité et ça doit être pitoyable. Refoulant sa peur derrière un sourire, il se redresse tandis que Marisson expire sèchement par le museau, signifiant un bon débarras après la fermeture des portes. Le rocabot ne doit pas être loin, du moins, s'il n'a pas quitté le bâtiment après leur rencontre avec la chose...

Ouais. Mika répond dans un sourire, le diablotin ayant raison de fanfaronner pour une fois. La bogue n'aurait jamais accepté de toucher l'inconnu pour faire ça... Et sa question ne pouvait pas tomber à un meilleur moment. Dans un même geste, le dresseur et le pokemon détournent le regard et font une tête d'enterrement, surtout pour le premier dont l'esprit est toujours hanté par les bruits immondes. Il... Il m'a pas attaqué quand je l'ai tasé, j'ai pensé que ça le calme... Merde! Mon taser! Qu'il réalise d'un coup. Fouillant dans ses poches, il ne retrouve que son portable, hors service après la douche qu'il a prise.

Dans un soupir, il le remet dans la poche de son pantalon. Retrouvons Acabot et barrons nous d'ici. Marisson renifle déjà le sol sur la trace de son semblable ; il n'a pas son flair, mais il se débrouille.

Après le premier couloir, avec le flash de son binôme, Mika remarque les bleus de celui-ci. S'en mordant la lèvre par culpabilité, il redescend ses manches et retire sa veste, l'essorant le plus possible. Attend. Se rapprochant de Damien, il lui enlève doucement sa petite veste pour lui enfiler la sienne, la refermant jusqu'au menton. J'ai vu pire. Tu sais que l'arène de glace, c'est une toundra ? J'espère qu'on tombera pas dessus pour le Charity Rumble. Il se remet à sourire doucement, relâchant le diablotin.

Ça le rassure un peu, de parler normalement.
Pas pour longtemps.

Donc Baphomet aime bien l’électricité ? Damien s’en souviendra ! "Wah. Heu… merci" Avait-il chuchoté, surpris et un brin confus lorsqu’il reçut la veste de Mika. Normalement, c’est sa mère qui lui fait ce genre de coup…Il n’empêche que l’intention le touche. Il ne se fait guère prier et s’enfonce dans l’habit comme un chaton dans une couverture. Nouvelle mission : Retrouver ACABot. Jouant le jeu de son comparse, le Diablotin essaye de détendre l’atmosphère.

- Oh ouais ! M’sieur Austin m’en a parler ! Parait qu’un jour, un dresseur s’est fait bouffer par un Polagriffe là bas ! Un truc chanmé !
 
La pression retombe doucement. Puis, des bruits retentissent dans les conduits d’aérations.

- Oh bah, c’doit être ACABot ! Cabi ! Viens voir ! S’excite Damien en tapant sur ses genoux.

Les bruits se rapprochent ! Plus ils s’approchent, plus ils sont lourds. Trop lourds pour être provoqués par les pattes du chiot. Et enfin, une grille saute au dessus de leur tête.

- Allez toutou ! Viens…voir……AAAAHH !!! PAPAAAAAAAA !!!

Ce n’est pas un mignon canidé qui s’extirpe des tuyaux, mais le corps affreusement contorsionné de Baphomet.

Oh naw.