Les heures supplémentaires sont devenues une habitude : Je sais quand je pars de la maison mais je ne sais jamais quand j’y rentre. La famille y est néanmoins habituée, il n’est pas rare que je les retrouve déjà tous endormis ou au contraire déjà réveillé et plein d’entrains. Quand j’y pense, ils sont ce qui me garde debout et en forme, loin de la solitude et de la misère. On est peut être pauvres d’argent mais ensemble, on est riche de cœur.


Enfouis dans le vieux manteau et l’écharpe grise de laine miteuse mais néanmoins chaude, mes pas me guident jusqu’à la porte. Par réflexe, je m’arrête devant celle-ci le temps de finir ma cigarette, un réflexe assez idiot comme chacun sait ici que je fume mais que j’ai gardé malgré tout. Mes chaussures raclent sur le tapis histoire d'enlever la saleté récupérer dans les ruelles du quartier d’Hadès puis j’entre dans le vieil entrepôt qu’on a aménagé en super appartement de luxe. Enfin, de luxe… Je me comprends. Certes, le sol n’est que béton et la plupart des murs de chaque pièce sont faits de rideau et de meubles mais au moins, c’est assez grand pour nous permettre de vivre ensemble. C’est un peu comme un patchwork de couleur et de matériaux différents, un amas de tapis, de meubles et d’objets disparates, comme un immense foutoir de tout et de n’importe quoi, mais bien rangé. Enfin, ça dépend où…


Je remarque la lumière alors que je me dévêtis. Il ne fait pas hyper chaud mais plus que dehors tout de même, le dernier chauffage d’appoint qu’on s’est permis d'acheter semble suffisant pour ne pas crever de froids. Bien entendu, je sors Cerbère de sa balle afin qu’il puisse se dégourdir les pattes. L’animal s’ébroue un peu avant de se rendre devant le chauffage pour se faire littéralement griller le derrière. Son talent le rend absolument insensible aux brûlures, au contraire même, cela renforce les flammes sur sa croupe. Je le laisse profiter d’être enfin libre pour aller voir Skye qui joue les loques humaines sur le comptoir. A-t-elle enfin fini sa création ? Cela doit bien faire presque deux semaines qu’on ne la voit que par accoups… Elle ou il d’ailleurs aujourd’hui ? Entre la tenue mi-pyjama, mi-sportive, je n’en ai aucune idée. On verra bien. Je m’en approche alors qu’elle débarbouille la mimine de son Pokémon et lui passe une main sur la tête, lui ébouriffant un peu les mèches.


“Hey, salut toi. Ça fait du bien de te voir hors de ton trou.”


Je lui fais un doux sourire avant de me diriger vers la cafetière. Je sais que je devrais plutôt manger un bout et dormir mais j’ai surtout besoin de me réchauffer là, surtout qu'avant de rentrer j’ai dû aller jusqu’au quartier de Zeus pour rendre un adorable Léopardus à son horrible Dresseur. Plus de café ? Ah… Tant pis. Je remplis la machine avec ce qu’il reste mais il va falloir bien du temps pour que la verseuse ne se remplisse complètement.


“Tu as l’air totalement épuisé, tu as réussi à finir tout ce que tu voulais faire ?”


Je m’installe devant Skye en attendant et fouille dans mes poches avant de ressortir une madeleine encore emballée, piquée sur un plateau repas abandonné au centre Pokémon. Je la pose sur le comptoir et la pousse vers elle avant de m'accouder. Avec un peu de chance, on va pouvoir dormir cette nuit sans les bruits de la machine si enfin sa commande est terminée.

La pauvre puce avait l’air épuisé est totalement vidée vu le sursaut de surprise à mon geste machinal sur sa tête. Enfin, la connaissant, elle ne mettrait pas longtemps à retrouver de l'entrain. Ils étaient tous plein d’énergie ici, de manière différente, mais tous avec une certaine rage de vivre et un certain désir d’exister. C’était peut-être ce qui faisait notre force commune.


C’était donc “elle” aujourd’hui. Il m’avait fallu du temps au début, à ne pas savoir quand ni comment l'appeler mais aujourd’hui c’était devenu tout à fait naturel d’en trouver la réponse. Comme une habitude qu’on ne saurait vraiment décrire. J’eus un petit rire d’ailleurs à sa réponse surtout qu’en me connaissant ce n’est surement pas à une femme - ou à une damoiselle comme dirait Skye - que je ferais un sous entendu coquin. Il faut dire que je ne suis pas vraiment attiré par le genre féminin en général mais qui sait ? J’ai l’esprit assez ouvert pour savoir que l’avenir nous réserve parfois de drôles de surprises.


Le comptoir servit de nouveau de matelas improvisé quand elle s’étala de nouveau dessus en se plaignant des journées trop courtes. Je l’écoutais sans l'interrompre, attentif avant d’accepter d’un merci habituel la moitié de la gourmandise qui disparut rapidement entre mes lèvres. Bon point donc, son contrat était fini mais mauvais point pour notre sommeil commun : Sa créativité ne s'arrêtait jamais. Ses pauvres doigts avaient l’air d’en avoir souffert d’ailleurs, m’étais fais-je la remarque alors qu’elle câlinait son Pokémon avec l’envie express de s’y remettre pourtant. Ah, par pitié… Nous, on avait plutôt besoin qu’elle se stoppe un peu pour retrouver un brin de silence et de sommeil. Je me passais la main dans les cheveux avec un petit soupir avant de lui répondre.


“Un jour, je vais te retrouver morte, momifiée dans ton tissu si tu continue à rester enfermer dans ta couture comme un Pokémon dans sa ball. Sortons plutôt, Cerbère a besoin de se dégourdir les pattes, il ne l’a pas fait de la journée…et vous deux aussi.”


Ajoutais-je avec un petit sourire avant de lever la main pour poké de doigts la petite boule blanche. Il faut dire que Junior et Abriel étaient encore étudiants. Ils avaient besoin d’une bonne dose de sommeil pour bien retenir leur cours et que de toute façon, la cafetière allait mettre du temps à être rempli. Était-ce étrange que je me fasse moins de soucis pour les nuits de Nevaeh et Léto ? La première trouverait toujours l’énergie de se battre pour un rien et la seconde était assez maligne pour trouver un moyen de les rattraper à un autre moment. Mon sommeil à moi ? Ah… Je trouverais un instant, plus tard. Ma fatigue ou ma faim étaient de toute façon quelque chose que je cachais bien, comme mon passé dans la drogue et l’inquiétude de voir un jour débarqué l’un de mes ancien patron pour ce “service” que je devais en échange de la paix malgré ma désertion. Là de toute façon, le principale, c’était de l’empêcher de reprendre ses idées avant le réveil pour éviter les coups de gueule du matin. Si je n'avais pas envie d'une chose, c'est que ça râle dès les premières lueurs du jour pour un simple manque de sommeil.

Un petit mot outré par mes paroles, un petit sourire et hop, voilà la furie qui disparaît sous les draps de sa chambre. Au son du bordel qu’elle fait encore, nulle doute qu’elle n’est pas partie se coucher mais qu’elle s’arrange mieux. C’est une vraie petite coquette quand elle s’y met, même si à cette heure là, on ne risque pas de croiser beaucoup de gens. Mon regard se déporte vers la cafetière qui commence à goûter en fumant, me laissant l’espoir d’en avoir un café bien chaud au retour, puis sur Cerbère. Ces flammes se sont amplifiées maintenant qu’il s’est bien réchauffé et son long museau pointe vers moi, attendant patiemment. Je n’avais pas été chaud, au début, pour avoir mon propre Pokémon mais il faut avouer que cette boule de flamme offre de la chaleur en plus dans ce vieil entrepôt.


Je me redresse, m’étire puis va pour remettre ma veste. Skye ne met pas longtemps à revenir dans un gros et chaud costume de Toguekiss ornée d’une immense perruque blanche et d’un porte bébé où semble s'amuser Togepi. Le verdict? Je m’approche, frottant le menton pour donner l’air sérieux, et avec taquinerie, fini par lui répondre :


“Avec un aussi gros Pokémon dans la famille, le budget va encore en prendre un coup ~ Mais au moins, il est beau.”


Je ris un peu et lui embrasse le front.


“Tu es magnifique, ne t’en fais pas.”


Par contre le cadeau… Ah, j’aime les cadeaux hein, mais les bonnets, c’est pas trop mon trucs… Pourtant je n’ai pas le cœur de lui refuser alors je la remercie avec un sourire avant de mettre l'objet laineux sur ma tête comme si de rien.Voyons le bon côté, ça donne chaud même si ça doit me faire une drôle de tête avec mes cheveux qui ne sortent que d’un seul côté de cet accessoire d’hiver. Alors que Skye poussait la porte, Cerbère quitta son foyer de chaleur pour nous rejoindre de ses petites pattes et je pris leur suite.


“Hum… On pourrait aller jusqu’aux jardins de Demeter ? Ce n’est pas très loin et c’est moins sale qu’ici.”


Moins sale… Enfin, moins risqué plutôt. Le quartier d’Hadès garde une très mauvaise réputation de nuit. Si je savais que j’aurais pas de mal à protéger Skye à main nue, j’étais bien moins sur si des enquiquineurs venaient à s' aider de Pokémon. Voir pire, si ils tentaient de voler les notre et que je ne puisse rien faire. A y réfléchir, j'arriverais à en survivre mais pas Skye. Elle s'était attaché à son Pokémon comme si c'était son propre bébé.

Certains pourraient nous prendre pour un couple à se balader main dans la main en pleine nuit, sous les rayons sensuels du quartier de lune mais cela n’était pas le cas. Skye et moi avions une relation fraternelle, voire paternelle et il ne me semble pas me tromper que de dire que celà n’en a jamais été autrement. D’ailleurs, elle avait tendance à se comporter comme une enfant en ma présence, peu importe que ce soit sous l’apparence masculine ou féminine et celà ne me dérangeait pas. Après tout, c’était un peu de ma faute si elle avait perdu un pan de sa jeunesse alors autant qu’elle le rattrape tant que j’étais là pour veiller sur elle.


Je la laissais se presser puis ralentir et tentais de répondre à ses questions si elle m’en laissait le temps. Le travail ne changeait pas, on avait toujours un tas de Pokémons blessé par les entraînements à soigner, la plupart s’en ressortait sans la moindre trace heureusement vu la qualité des soins. Je n’avais pas trop froid grâce à son cadeau et elle devrait plutôt penser à sa fatigue à elle. Pour le reste… J’ai aucune idée de quel pokémon j’aurais pu être. Peut-être un type d'acier pour pouvoir les protéger ?


Je pouvais très bien comprendre et ressentir la tristesse de penser qu’autrefois, les Pokémons étaient libres et sauvages. Aujourd’hui, Odyssey en avait le contrôle total et ils n’étaient plus que des armes aux yeux de beaucoups. Oh, ils sont nombreux à dire qu’ils les aiment mais les faire combattre n'était pas dans ma définition d’aimer. Et si les Pokémons aimaient ça ? Je le sais, que certains d’entre eux ne sont heureux qu’en s'affrontant, un peu comme Nevaeh qui passe son temps à jouer des poings…. Cela ne m’empêche pas de m’inquiéter pour autant, bien au contraire.


Je laissais Skye se laisser porter par la nostalgie sans un mot. Il y a des fois, comme celle-là, où il vaut mieux être une oreille qu’une parole. Si on avait le droit d’être là si tard ? Je n’en avais aucune idée mais si certains voulaient s’amuser, même avec l’interdit, ils le feraient…. Ou du moins, ce n’est pas ce qui m’aurait empêché moi de le faire si j’en avais le temps et le compagnon qu’il fallait. De cette pensée taquine naissait d’ailleurs un rapide sourire au coin et un regard qui fuit ailleurs.


Un bruit stoppa net cette pente glissante sur les choses possibles à faire à plusieurs, si tard, dans un tel endroit. Rapidement, Skye quittait ma main pour se précipiter vers l’endroit, curieuse comme tout.


“Skye!”


Viendra un jour où à fouiner partout, elle allait se trouver mal au point ! Comparé à elle qui avait foncé tête baissée dans les ronces tel un Tauros, j’en avait fait le tour, plus rapidement encore quand j’avais entendu son appel, avant de la retrouver avec une main mordue et une petite bouille trop choupi. Avant de m’occuper de la bestiole qu’elle désignait, je lui pris la main pour vérifier mais ça allait, la bête ne devait pas avoir une grosse mâchoire. Plus de peur que de mal à n’en pas douter. Je la réprimandais néanmoins tout de même un peu :


“Bon sang Skye, imagine si cela avait été une grosse bête ? J’aurais pu te retrouver grillée ou en miette.”


Je soupire, néanmoins rassuré que ce ne soit pas le cas puis je jetais enfin un œil au petit sauvage. La bestiole crépitait légèrement, coincé par les ronces trop dense, une oreille pendante étrangement dans un angle pas très rassurant. Je m'accroupis légèrement et tendis une main mais en restant à distance. D’une voix plus douce et attentif à la bestiole, je demandais à la Toguekiss déchirée:


“Les Pokémons sauvages n’existent plus depuis longtemps…. Essaye de voir si il n’y a pas sa ball qui traîne quelque part, des Pokémons blessés abandonnés, ce n’est pas si rare.”


Sans compter que ce serait plus facile de l’examiné à la lumière du salon qu’ici et pour ça, il fallait le transporter sans blesser ni l’animal, ni nous même.

Être père… Ce n’est pas facile. Peut-être plus encore quand l’enfant est déjà adulte ? Je m’en voulais très vite de la disputer ainsi alors qu’elle était pleine de bonne attention mais je ne devais pas me laisser attendrir. Il fallait qu’elle garde a l’esprit qu’elle pouvait très facilement se mettre en danger à réagir ainsi… Néanmoins, tiendrait-elle vraiment compte de mon avertissement ? Je l’ignorais. On ne change pas, paraît-il.


Quoi qu’il en soit, pendant qu’elle cherchait la possible ball de l’animal, je restais calme et patient avec celui-ci, le laissant se détendre peu à peu. Je n’avais malheureusement plus de quoi manger sur moi pour l’attendrir mais Cerbère, à mes côtés, semblait lui envoyer quelques mots encourageant aussi. D’ailleurs, l’Héricendre finit par s’approcher de lui et lui servir de petit radiateur, nul doute que le Pokémon électrique devait crever de froids avec ce temps. Je me demandais bien comment les Pokémons pouvaient tous se comprendre et ce qu’ils pouvaient se dire quand Skye revient avec l’objet rouge et blanc. Je la remercierais avant de faire rouler la ball lentement vers les deux Pokémons pour garder ce climat de tranquillité. Je ne doutais pas que Cerbère saurait rassurer l’animal, il le faisait déjà parfois au travail, et je profitais de ce temps pour me redresser. Ma main venait se poser sur la perruque blanche de la petite damoiselle alors que je rajoutais avec un petit sourire pour lui faire comprendre que la dispute s’était déjà envolée.


“ Et bien, regarde, il reste encore un pokémon sauvage dans ce jardin. Vu ton état, petit Toguekiss, tu ne dois surement pas appartenir à quelqu’un.”


La lueur rouge aperçue au coin de l'œil et le petit “click” qui s'ensuivit m'indiqua que le Pokémon était bien reparti dans sa ball. Cerbère nous l’apporta d’ailleurs jusqu’à nos pieds en la faisant rouler dans le reste de la neige piétinée. Je me penchais et la récupérais avant de l’observer et de me frotter la nuque, hésitant. Techniquement j’avais le devoir de le ramener au centre Pokémon mais cela consisterait aussi à l’envoyer par la suite soit à rechercher son propriétaire soit à l'envoyer dans les pensions où finissaient tous les Pokémons mal au point. Hors… Qui sait vraiment ce qu’ils leurs faisaient là-bas ? Je ne voyais pas l’Odyssey perdre de l’argent pour des Pokémons devenus inutiles… Mon regard se revenait alors vers Skye tandis que ma décision était prise. J’allais le soigner puis le garder.


“Il va s’en sortir. Allons le soigner à la maison. J’aurais sûrement besoin d’une infirmière pour m’aider, celà te tente ?”


Je lui tendis une main pour voir si elle souhaitait mettre de côté mon reproche pour rentrer tous les deux comme nous étions sortis. Si Skye paraissait parfois insouciante, elle était en réalité très sensible à ce qui l’entourait et plus particulièrement à la façon dont on la voyait. Cerbère, pour sa part, avait déjà pris le chemin du retour. Sortir, c’était bien mais la neige lui humidifiait les pattes et ça, il aimait beaucoup moins. Vivement plutôt un coussin bien au chaud et au sec.

Skye est bien trop douce pour être un Pokémon véritablement sauvage mais je souriais à son imitation. Quand j’y pense, il n’y avait pas besoin de vivre à l’air libre pour être “sauvage” : au sein du centre Pokémon, j’avais déjà trouver des Pokémons brutaux qui, même blessés, cherchaient à anéantir tout autre Pokémon qu’ils pouvaient voir. C’est assez terrifiant de voir comment certains sont entrainés à n’être que des machines de guerre à qui on enlève tout autre envie ou émotion. Cerbère étant parfois avec moi hors de sa ball dans le centre, le pauvre était devenu un expert quand il s’agissait d’esquiver les attaques de ce genre de Pokémon. Heureusement qu’il était encore assez petit pour ça.


Un costume d’infirmière ? Je ne serais pas surpris qu’elle en ai un bien qu'en général elle préfère ceux des Pokémons. En revanche, en effet, l’aide du Togepi ne serait pas de refus et je hochais la tête à ses propos avant de ranger la ball dans la poche. Skye avait dû sûrement feuilleter tout un tas de bouquins, d'articles et de vidéo pour être sûr de comment prendre soin de son animal de compagnie.


Son nom ? Était-ce une bonne idée de lui en donner un maintenant ? Ce serait si attacher alors qu’on ne le connaît pas et qu’on ne sait même pas si on va venir nous le réclamer où même, encore, si on va parvenir à le soigner comme il faut. Je hausse les épaules simplement.


“Aucun pour l’instant, on verra après les soins et si personne ne le réclame."


Il fallait rester pragmatique, même si les soins Pokémons avaient très évolué, vu comment son oreille balançait, je n’étais pas sûr de pouvoir lui sauver. Peut-être que l’animal, lui-même et comme de nombreux humains, refuserait en bloc qu’on lui ampute une partie de lui-même au point d’en devenir dépressif, fou, ou suicidaire… Il ne faut pas croire mais quand il s’agit du mental, nos deux espèces ont de nombreux points communs. Le soigner, autant physiquement que mentalement, pouvait être soit d’une facilité déconcertante, soit un défi impossible à surmonter. Enfin, on verra bien, dans tous les cas on ne pouvait clairement pas le laisser seul, ainsi, dans ce jardin.


Sur le chemin je restais silencieux, réfléchissant à ce qui pourrait correspondre le mieux en soin pour notre patient clandestin. Une réfléxion mise de côté quand, une fois dans l’entrepôt, je ramassais un à un chaque vêtement que Skye laissait tomber comme les cailloux du petit poucet. Après tout ce n’est pas parce que nos bourses sont plus souvent vides que pleine qu’il faut laisser la pagaille s’installer ! Le temps qu’elle ressorte de sa chambre - rapidement - le linge était posé sur une chaise, tandis que Cerbère attendait sur la table avec la Pokéball. Moi, j’avais mon café en main. Enfin. Et bien chaud.


“Infirmière ? Et elle est où la tenue coquine qui va avec ?”


Je la taquinais une dernière fois avant de prendre une gorgée de café puis de délaisser la tasse le temps de travailler, prenant un air bien plus sérieux.


“Togepi connaît "bâillement" non ? On va le détendre et l’endormir déjà, le temps le nettoyer et le soigner. Nous aviserons ensuite.”


Je sortais la trousse de secours, deux trois croquettes Pokemons - c’est fou ça qu’on est plus de nourriture pour eux que pour nous…- et un petit bol d’eau que je plaçais sur la table avant de faire sortir l’animal. De ce que j’avais pu remarqué, il ne semblait pas farouche. Effrayé, fatigué, frigorifié et sûrement affamé et assoiffé mais je n’avais pas sentis de rage quelconque, ni de colère.

Hum, pas de bâillement… C’est problématique. Mais c’est vrai, comment aurais-je pu le savoir ? Je n'étais pas assez là, pas assez souvent, que ce soit pour l’aider dans ses travaux où avec son Pokémon. Je m’en sentais coupable et intérieurement me promis de trouver plus de temps à lui accorder. Encore du temps… Toujours du temps. Comme Skye l’avait dit, il n’y en a pas assez dans une journée.


Skye avait de l’imagination et de la jugeote. En un rien de temps, elle trouvait une autre idée et je lui souris doucement avant de hocher la tête. Entre la chaleur et le calme de Cerbère ainsi que le talent et la douceur du Togepi, le Néfapi fut assez détendu pour que je l'analyse à haute voix pour ne pas mettre Skye à l’écart.


“Garde le avec toi pour l’instant, je pense que cela doit le rendre encore plus heureux. Alors voyons… Négapi Femelle… 40cm environ.. 4 kilos à peu près… Quelques coupures sûrement provoquées par les ronces… Une oreille… hum… très mal au point.”


Je n'étais pas sûr de sauver l’oreille mais je ne voulais pas le dire ainsi pour ne pas choquer Skye. Elle est si sensible. L’animal avait aussi quelques bleus mais bien moins grave. En soit, la partie de l’oreille déchiré avait commencé à cicatriser déjà… Depuis quand l’animal avait-il été blessé et laissé dans cet état avant d’être abandonné ?!


“Infirmière, pouvez-vous aller me chercher de l’eau chaude et un linge propre pour notre patiente… Foudre ?”


Par protection de Skye, je voulais juste la faire s’éloigner le temps de couper l’oreille pendouillante. Cela ne fut pas des plus facile car je n’avais pas d’anesthésiant : L’animal couina et une décharge me fit sauter hors du tabouret pour aller me cogner contre le reste de la cuisine, le cul par terre, les cheveux dressé en punk sous l'électricité statique. Je me massait la nuque en soupirant alors que Négapi pleurait et que Cerbère nous observait l’un l’autre sans savoir qui aider. Par fatigue, j’en avais oublié les attaques de Négapi… J’aurais dû penser aux gants en caoutchouc, quelle erreur… Mais ça va, hormis quelques fourmillement et un bleu, je ne sentais rien de spécial.