Ne pas jeter de fleurs ? C’est trop en demander à l’éloquente journaliste. Madame est une belle parleuse de par son métier, mais aussi de par son naturel. Ceci dit, ses louanges ont le mérite de toujours être sincères. Ce ne sont pas de belles paroles en l’air.
Alessio soulève un bon point. Malgré lui, il n’a pas la côte et ne fait pas l’unanimité au sein d’Odyssey. La faute à son rôle, ses devoirs, ses magouilles. Aleksia ne veut pas forcément se prononcer sur la matière. Tout le monde sait, les bruits de couloir. Tout le monde a conscience que parfois l’argent ne règle pas les problèmes et se verse alors un peu de sang. Mais le bureaucrate fait-il cela par plaisir ? La belle se permet d’en douter. Et c’est pourquoi elle ne juge pas Alessio comme étant un homme à mauvais fond. C’est pourquoi elle est tentée de dire qu’il ne faut pas le résumer à ses actions.
- Dis toi au moins que tu as l’appréciation du siège. Ce n’est pas donné à tous, de côtoyer et satisfaire ceux à la tête de tout Atlas. Et puis tu as ensuite celle de Cadenza, peut-être bien la mienne. Peut-être bien. Juste pour continuer à jouer. A piquer légèrement.
Un léger rire quitte ses lèvres tandis qu’Aleksia hausse les épaules.
- Loin de mois la prétention d’un détective, mais… Je ne connais pas tant de Di Angelo, alors de fil en aiguille… Elle pointe, d’un geste du menton, la main gauche du Sharpedo des affaires. Fixant plus précisément son annulaire vierge de tout bijou. Trois possibilités se jouent à partir de ce rapprochement : un, le total hasard mais je n’y crois pas. Deux, une parenté plus ou moins éloignée. Trois, les liens sacrés du mariage. Mais je ne vois aucune bague au doigt, donc… C’est l’option deux, assez flagrante. Ne demandez pas à une journaliste si elle sait fouiner et analyser : bien sûr qu’elle sait. D’autant plus que (et même si elle n’a pas l’audace d’y répondre verbalement) Aleksia suppose qu’il ne l’inviterait pas à dîner en faisant une allusion claire à où et comment pourrait s’achever la soirée, s’il avait été marié. Enfin, l’infidélité ça existe. Mais le pari est risqué lorsque la maîtresse connaît ouvertement la trompée.
D’ailleurs, en revenant sur ce sous-entendu auquel elle n’a pas su répondre autrement que par un petit rire mêlant légère gêne, “bien joué” et “intéressant”, l’impétueuse Amalthée n’a pas manqué de le relever. Et la brebis, contrairement à sa dresseuse, ne se fait pas prier pour répondre. Ne manquant pas d'approcher l’homme pour frotter sa laine contre son tibia et y envoyer une décharge préventive. La Wattouat bêle, mécontente. Elle n’aime pas l’idée. Un brin possessive sur sa propriétaire.
- Ama ! Qu’est-ce qu’il te prend enfin. Désolée, est-ce que ça va ? Les décharges ne sont jamais très fortes, jamais très douloureuses. Mais bon. Par principe et bonne conscience. Aleksia soupire en lançant un regard désapprobateur à son pokémon avant d’en revenir à sa discussion. Dix minutes, hm ? C’est peu. Mais soit. La remarque d’Alessio est pertinente, il a très bien cerné le personnage. Donc la journaliste va se plier à cette condition. Je tâcherai d’être ponctuelle.
Alors, sans perdre plus de temps, Aleksia se lève, prête à rejoindre son bureau pour dix petites minutes seulement. Poussant légèrement de la jambe Amalthée en quittant la salle. Comme un coup de coude ou d’épaule que l’on pourrait donner à un ami qui a merdé.
La journaliste non plus, n’a pas manqué son coup de jus.