Sur ses genoux un nénuphar
qui s'épanouit dans un sommeil profond dicté par la musique
il fait sombre et le monde est en suspension
il pleut dehors mais on entend pas les ricochets de l'intérieur
on n'entend plus que la musique qui camoufle avec joie les pas les voletés qui retombent sur leur pieds les sauts et éperviers qui marquent tous les points plus rien non plus personne n'échappera à leur emprise c'est une
jolie danse
qui aime être abstraite
après tout n'est-ce pas mieux si chacun.e se fait une idée
de la vérité ?

Daisy est particulièrement friande de ces rondes, mais sa concentration n'est pas sur ces dernières en ce moment, ni sur son Nénuphar paisiblement endormit. Non
elle a cru apercevoir
entre deux coupes de champagnes
à l'entracte un visage connu
enfin
des visages connus il y en a partout ici, de part son statut et le nom qu'elle porte mais ce visage là
elle ne s'y attendait pas
c'est sûrement la différence oui et elle a hésité, peut être un peu trop longtemps l'entracte était fini et elle est ici
avec beaucoup de mal à se concentrer ah
le temps semble bien long soudainement
lorsque notre attention est toute entière dans l'attente du dénouement.

Il baille
le beau Nénuphar
le réveil est difficile mais les lumières sont
allumées et le monde reprend cours, il n'est plus arrêté, suspendu dans les notes et les corps entremêlé.e.s.
Daisy daisy est tournesol, elle cherche le soleil malgré le mauvais temps à l'extérieur, mais son soleil est rouge et furtif, derrière les nuages de la foule exaltée.
Elle nage dans ce ciel couvert, pour enfin
enfin poser une main
contre une épaule et dire d'un ton enjoué : (ah pourquoi pas après tout pourquoi pas être familier c'est son soleil en cette journée somnolente)

Madame Hono ?
elle attend que tu te retournes mais oui c'est bien toi, et le regard de Daisy pétille, Nénuphar à ses pieds jappe en ta direction.
Je ne pensais pas vous retrouver ici, vous me reconnaissez j'espère ? je sais que ça ne fait qu'un an que vous avez pris vos fonctions mais je suis une habituée ahah, avez vous aimé la danse ? C'était un peu....ésotérique, mais pas trop mal...vous êtes libre en ce mauvais après-midi ?

Elle demande, elle s'éparpille, elle ne sait pas si c'est bien vu, une dresseuse et une arbitre discutant, mais Daisy n'a jamais été de celle chez qui les apparences comptaient. Si c'était le cas elle ne serait jamais devenue dresseuse et serait toujours dans ce boulot ennuyeux à mourir offert par papa et maman.

Un an de service, grossièrement, un an à être dans les villes et la vie mouvementée. Dans le désert, vous n'aviez rien de tout ça, j'étais encore surprise pour des trucs basiques que les gens ruraux faisaient. J'avais légèrement honte car je me sentais bête et enfantine, tout comme je m'en moquais pas mal de l'avis des autres. Je faisais bien mon travail et vivais "bien". Le reste... que Darkrai les emportât.

« … J'dois être débile, les gens s'extasient pendant que moi, j'comprends rien... Faut comprendre un truc de plus ? »

Soupirai-je, et la réflexion, bien que murmurée, ne fut que pour ma personne. Hineko dormait, avachi sur ma tête. Tout se termina, les gens applaudissaient aveuglément dans des sifflements et des vociférations fortement audibles. Je haussai les épaules avant de me lever pour sortir, Hineko vint cette fois-ci se mettre sur mon épaule droite tandis que je sortais une cigarette de ma poche pour me préparer à évacuer tout ce stress stupide autour des réunions de ce type.

« J'suis juste venue pour essayer de mieux m'intégrer et en apprendre davantage mais comme d'hab', j'suis dis- »

Un sursaut à un contact soudain, je tournai rapidement la tête, Hineko feula en hérissant son poil, rassurée en voyant une tête qui ne m'était pas inconnue, je me détendis. Pas Hineko.

Je tapotai la tête d'Hineko.

« On se calme, c'est Daisy Millet. »

Dis-je en faisant un clin d'oeil à mon aînée. Je me tournai vers elle en rangeant ma clope, par un respect qui me surprenait moi aussi.

« Bien sûr que je me rappelle de vous, je suis contente de vous voir en tant que civile et pas suite à nos occupations... Mais bref !! La danse n'est pas ma tasse de thé mais ça va. Je serais mal placée de faire une quelconque critique. Et votre avis à vous ? »

Elle devait être plus expérimentée que moi, sans surprise.

« Le temps n'est pas avec nous mais je suis libre. Pas grand chose à faire. Vous me proposez quelque chose ? C'est avec une immense joie ! Un petit truc sucré ?! J'ai connu la Daisy dresseuse, j'aimerais un peu plus connaître la Daisy Millet. V'voyez ? »

Je tenais toujours la cigarette dans ma poche, et honnêtement, ça me démangeait.

« L'odeur de la cigarette vous dérange ? »

De prime abord, je m'en fichais un peu, mais j'étais avec une femme un peu distinguée, je faisais des efforts...

Si oui, je retirai ma main en laissant ma cigarette sinon je l'allumerais pour fumer vivement.

Le cœur de Daisy
n'est pas malmené par les feulements du flamiaou
Nénuphar quand à lui ne sait pas comment réagir fasse à cet avertissement, il ne comprend pas vraiment, d'habitude c'est en arène qu'on fait ce coup là à sa dresseuse, mais nous ne sommes pas en arènes, il court alors autour de Daisy, et s'arrête en face de Reda pour japper en direction du flamiaou, puis il refait un tour et recommence la chanson. Il a envie de jouer, essaie de se montrer avenant, remue son popotin et sa queue, même à la bagarre il jouerait même s'il n'aime pas trop, mais il a l'habitude avec Feuille.

Quelle drôle de danse, celle des pokémons, se dit Daisy en regardant affectueusement son Nénuphar, c'est plus beau pour sûr que tout ce que les humains peuvent construire dans leur grands théâtre de marionnettes. Reda ne semble d'ailleurs ne pas en avoir compris les nuances, de ce dernier, bah, ce n'est pas important. Ce n'était pas un classique après tout, mais une référence de référence : en gros, quelque chose sur lequel les gens huppé peuvent se mousser. Daisy croise les bras dans le dos et sourit.

Oh j'ai bien aimé, j'ai toujours aimé ce qui est abstrait, les métaphores, ça me parle mais je me fiche pas mal de savoir si ce que j'ai compris est bien ce que le chorégraphe à voulu retransmettre : pour moi, une fois qu'un spectacle est sur scène, il appartient aux specteurices. Hmm....

Daisy regarde sa montre, il est un peu tôt pour le quatre heure, et puis les pâtisseries dans le coin repos du musée sont comment dire...cher pour ce que c'est, mais si Reda insiste pourquoi pas...néanmoins peut être plus tard...à vrai dire Daisy se sentirait mal de faire payer ce prix là à Reda pour cette qualité, mais elle peut régler ce soucis très facilement en payant elle-même leur futur addition. Oui elle fera sûrement ça. Et donc c'est avec joie qu'elle peut se concentrer sur ce qui compte vraiment : faire une sortie à tes côtés, il faut croire que Reda aussi est délectée de pouvoir en apprendre plus sur la dresseuse. C'est donc donnant-donnant. Et là est l'heure d'en apprendre une première : Daisy à une très mauvaise image de la cigarette.

Je préfèrerais que vous évitiez...je ne suis pas très amie avec les cigarettes, leur odeur me donne la nausée, et puis il pleut dehors, vous seriez obligée de rester dessous ce petit préau agglutinée avec les vas et vient des visiteureuses, non, allons plutôt parcourir le musée ! et elle t'attrape le poignet, Je peux vous tutoyer au fait ? Je n'aime pas trop le vouvoiement, c'est un peu froid non ? surtout que quelque part, nous sommes collègues.

Je hochai la tête à sa critique constructive sur le spectacle. J'aurais presque pu croire qu'elle donnait un avis neutre pour ne pas tomber dans un camp et m'y faire pencher aussi, ou alors s'il y avait des oreilles tendues...

Bon, je pouvais comprendre alors qu'il restât neutre, au final. Je lui souris un peu. Et comme promis, quand elle me dit qu'elle ne préférait pas, je sortis ma main alors vierge.

« Aucun souci. »

Répondis-je au tac-au-tac et je hochai, de plus, la tête au fait de rester vers d'autres personnes. Et j'avais remarqué qu'elle était... assez distante, pas forcément froide, ENFIN BREF, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle me prît la main. Enfin le poignet.

« Je n'aurais pas osé demander mais j'accepte. On s'connaît un peu, en plus. Donc j'vais faire le premier pas : T'es prête à visiter le musée ? On y va ! »

Je changeai la donne pour prendre sa main et pénétrer dans le musée en riant légèrement. J'étais très froide et distante mais le mur venait d'être brisée. Elle avait commencé à frapper dedans à l'aide d'une masse, moi j'l'avais fini avec un boulet de démolition.

J'étais trop balèze en métaphores...

J'avouai, au passage :

« J'suis pas une pro' des musées. Ne t'attends pas à ce qu'j'sois en mode « Ouah, tu ressens la mélancolie à travers les rayures du côté face recto du diadème opposé... ». Tu comprends quoi ? »

Je ricanai un peu grassement avant de racler légèrement ma gorge. Merci la nicotine.

On y va !
Les poignets
les mains
Reda qui rit
Nénuphar qui jappe et court à la suite
les portes du musée qui s'ouvrent
et ces mains liées
plus les poignets frisquets
non leur doigts entrelacés
Daisy a les iris posés dessus, éberlués, c'est que :

ça ne se fait plus
ce n'est pas de leur âge
tout du moins plus du sien
de prendre par la main les collègues
elle se retrouve en classe avec ses petits camarades lors des sorties scolaire.
Elle ne dit rien Daisy elle ne dit pas non elle ne retire pas sa main, c'est étrange
Reda semblait être une personne distante, mais là, là est l'inverse de sa couverture,
peut-être sont-elles toutes deux pareilles, deux femmes aux apparences rugueusse (et pour Daisy quelque peut hautaines) mais en réalité
leur cœurs sont de ceux qui aiment s'époumoner.

Elle bat des pétales
la belle fleur
ses long cils noir rehaussé d'un léger mascara
balayent loin ces souvenirs d'antan, loin cette timidité que les gens de la haute aime entretenir
pour ce donner un genre
pour ce donner une identité
Daisy n'en a jamais été de toute façon
de leur troupeau
trop ailleurs
trop émotive
pas assez snob.

Pardon ? elle revient à elle, oui elle a bien entendu, il lui faut juste un temps pour se reprendre : Oh ! elle rit à son tour, elle a bien relevé ton côté taquin, alors elle se prend au jeu tout en achetant les billets pour le musée (elle paye pour toi avant que tu ne puisses sortir ta carte, sans même y penser) Jouons à un jeu alors ! elle agite les billets fraîchement obtenu entre vous deux : On doit donner la connotation la plus loufoque que l'on peut aux œuvres, celle qui gagne à chaque fois a le droit de poser une question personnelle à l'autre, tu en penses quoi ?

Nénuphar lui, jappe de plus bel, il semble excité à cette idée et compte bien participer à sa manière.

Inconsciemment -enfin oui et non-, j'avais payé pour nous deux. J'avais la chance de voir une... cliente ? Ce n'était pas le bon terme mais une femme que je ne connaissais que de nom, et rapidement de caractère, nous voilà telles deux adolescentes sortant de l'école pour jouer ensemble quelque part. 'Manquait plus que les ricanements niais et les gestes trop juvéniles avec une voix criarde pour alimenter le tout. Fort heureusement, ce n'était pas le cas.

« Un jeu ? »

Autant j'étais surprise, mais là, nous allions d'ouverture d'esprit à des surprises spontanées.

« Alors là, je te suis à cent pour cent. Ayant vécu dans le désert d'Anhour, je peux t'en raconter des centaines, tu croiras que ce sera vrai. »

Je lâchai un rire sans me retenir.

« Ok on commence. »

Nous arrivions devant le premier tableau et déjà...

Le Chaos (www).

« Tu m'étonnes que c'est le chaos. Attends, genre, j'imagine que le mec a demandé conseil à sa femme, ou des amis, on lui dit "Jaune", donc il met la couleur jaune, puis non, du bleu, non, du vert. Et là, les couleurs s'enchaînent, il n'a pas le temps de les mettre. Résultat : Il pète un câble et donne des coups de pinceau ici, en redonnent sur une couleur déjà présente et PAF ça fait le tableau actuel. »

Je ricanai en regardant mon amie -je ne savais pas si je pouvais l'appeler ainsi-.